Retour sur un road trip à travers deux régions vinicoles méconnues du nord-est de l’Espagne : Cariñena et Calatayud. Deux routes des vins et une ville qui m’ont marqué et dépaysé.

Par Olivier de Maisonneuve

Zaragoza est un super point de départ. Le Vieux Quartier, avec son impressionnante Basilica del Pilar, est très agréable à visiter. C’est une ville universitaire, qui remonte aux Romains. La culture des bistrots à tapas y est vibrante. On y passe facilement deux jours.

Ensuite, empruntez l’autoroute vers le sud ouest, et rapidement le décor change. D’abord les collines arides aux teintes beige clair et vert sauge, et les éoliennes, font rapidement oublier la proximité de la ville. Puis, une immense plaine se déroule jusqu’aux montagnes, au loin. Vous arrivez dans la région de Cariñena. C’est un choc de voir ces vignes s’étendre de part et d’autre de la route.

On comprend d’un coup pourquoi l’Espagne trône au sommet des pays producteurs. On a presque l’impression de ne pas être en Europe, avec la vision romantique des terroirs pittoresques et bucoliques qu’on associe souvent aux vignobles du Vieux Continent. Ici, ca me fait presque penser au Nevada, tant c’est vaste, aride et rocailleux. En plus, c’était l’heure de la sieste, quand je suis passé, et tout était désert. Je m’attendais à voir des balles de foin sec traverser la route. On a même vu des familles de lapins s’y aventurer, à plusieurs endroits.

Il y a beaucoup d’invitations à venir déguster les vins, dans d’énormes entrepôts, le long de la route, qui semble figée dans le temps. Et pourtant, on y retrouve des noms qui nous sont bien familiers au Québec. C’est très étrange !

Un des domaines qui m’a semblé de dimension plus humaine, et dont l’architecture était plaisante pour la rétine, est le vignoble de Paniza.

Bodegas Paniza, Vinas Viejas Carinena, Garnacha, Espagne

Leur grenache de vignes centenaires est une savoureuse option pour découvrir un vin de l’appellation, qui est bien travaillé. Riche et ensoleillé, il reflète le paysage d’où il vient. (15,95$)

Si on poursuit notre route vers les montagnes, vers l’ouest, on sera une fois de plus dépaysé. Calatayud m’a paru davantage une région pour le plein air et la randonnée. La vigne est dispersée ici et là, comme par accident, dans une région par endroit, vraiment aride. Nous sommes rendus aux contreforts des montagnes, et certains paysages naturels sont vraiment pittoresques. Je n’y ai pas vu de domaines à l’architecture spectaculaire. La petite ville de Calatayud, bien qu’estudiantine, m’a semblé avoir besoin d’amour.

C’est aussi étrange de voir un panneau  de la municipalité, à la sortie de la route, qui vante le fait qu’ici il n’y a pas d’agressions sexuelles ! C’est aussi le lieu associé à la ténébreuse histoire de La Dolores, cette femme du 19e siècle, entourée de légende, et qui inspira plusieurs œuvres artistiques. Une auberge colorée, un petit musée et un restaurant typique (très fréquenté par les bonnes gens de la ville, mais pas si bon) se trouvent maintenant dans sa maison.

Honoro Vera Vera Garnacha

De la région, nous avons au Québec, un vin pas mal populaire, à l’étiquette aussi mystérieuse et à la robe aussi sombre que l’histoire de la Dolores : . Un vin assez riche et fruité, avec un certain profil épicé. Il fait partie des vins du groupe Familia Gil, avec lequel Nathalie Bonhomme s’est associée pour ses fameux vins comme El Bonhomme. (14,20$)

Une chose fort importante à retenir, si vous voulez partir à l’aventure dans ces paysages parfois lunaires, c’est de calculer plus de temps que ce que le kilométrage demanderait normalement. Surtout dans les montagnes de Calatayud, où les routes sont souvent composées de multiples lacets! Au moins, la majorité de ces routes sont magnifiquement carrossables. Mais méfiez vous parfois des suggestions des applications avec GPS : Dans Cariñena,  ca nous a entraîné sur une longue route de gravier…Pauvre petite Fiat 500!

Diplômé sommelier-conseil de l’Université du vin de Suze-La Rousse, en France, WSET3,  chroniqueur vins et spiritueux dans diverses publications, dont le magazine Fugues, animateur de dégustations, Olivier de Maisonneuve parcourt la planète pour mettre images et visages sur ces produits qui lui font vivre tant d’émotions.