Du vin « nouveau genre » grâce à la régénération

Viticulture de régénération

Toujours à la recherche de nouvelles façons de mieux respecter l’environnement et les écosystèmes, certains vignerons suivent une des tendances de plus en plus en vogue dans les vignobles qui porte le nom de viticulture régénérative. Mais au fait, de quoi s’agit-il ?

Par Véronique Lemieux

Le consommateur a aujourd’hui accès à une vaste étendue de produits certifiés selon des cahiers de charge bien précis. On a déjà l’habitude de voir sur les bouteilles de vin le logo d’Écocert pour certifier une agriculture biologique et le logo de Demeter pour la certification d’une agriculture qui respecte les préceptes de la biodynamie.

Pour rappel, le bio réfère à une agriculture qui évitera les produits de synthèse, tant pour le traitement des maladies que pour la fertilisation. De son côté, la biodynamie se veut plutôt une philosophie du vivant. De façon très succincte, on pourrait affirmer que la biodynamie va un peu plus loin que le bio en incluant dans sa pratique des préparations artisanales à base de plantes pour accompagner la vigne dans ses nombreux défis. La biodynamie tient aussi compte du calendrier lunaire dans les gestes qui doivent être posés tant au champ que dans le chai (l’endroit où le vin est vinifié). 

Viticulture de régénération

La viticulture de régénération chez Loxarel en Espagne

Et la viticulture de régénération dans tout ça ?

Cette approche englobe les meilleures pratiques des deux techniques mentionnées ci-haut tout en portant une attention particulière à la santé des sols par le biais de pratiques culturales visant à répondre à un enjeu bien précis: la lutte contre les changements climatiques. 

En effet, un consensus émerge à l’heure actuelle chez les pédologues (les scientifiques des sols) à l’effet qu’il est possible de ralentir le réchauffement climatique en transférant une partie du carbone libre de l’atmosphère dans le sol. Toutefois, tous les sols ne sont pas égaux en termes de captation de carbone. Un sol vivant et riche en micro-organismes composé de bactéries bénéfiques et de champignons est nécessaire pour durablement conserver le carbone dans le sol. 

La viticulture de régénération regroupe donc un ensemble de techniques visant à répondre à cet objectif. On utilisera donc des couvres-sols, une fertilisation animale et on évitera à tout prix de labourer le sol car ce procédé décime des colonies entières de micro-organismes essentiels à l’équilibre du sol. 

Mimi Casteel

Mimi Casteel – source Hopewellwine.com

L’appproche de Mimi Casteel

Une figure incontournable de cette nouvelle approche est Mimi Casteel, vigneronne de Hope Well Wine, un vignoble familial de l’Oregon. Mimi a grandement contribué à la démocratisation du « no-till viticulture », terme abondamment employé dans les publications anglophones pour parler de viticulture régénérative. Elle participe régulièrement à des symposiums sur le sujet pour partager son expérience et pour mieux faire connaître cette approche ancestrale qui paradoxalement, est une des grandes solutions d’avenir pour ralentir le réchauffement climatique.

À défaut de pouvoir boire ses vins (rarement disponibles au Québec), on peut se familiariser avec son univers bucolique via son compte Instagram (mimicasteel). 

Dans un ordre de grandeur bien différent, le vignoble Tablas Creek en Californie est officiellement le premier vignoble à détenir la certification ‘‘Regenerative Organic Certified Vineyard’’, un exploit pour ce vignoble immense de 270 acres. Comme quoi, même les grands domaines peuvent se convertir à des pratiques écologiques ambitieuses. On a eu dans le passé la chance d’avoir en SAQ certaines de leurs cuvées. Ce n’est plus le cas pour le moment mais pour ceux qui vivent près de la frontière ontarienne, les cuvées sont disponibles dans les LCBO. 

Tablas Creek

Voici maintenant quelques références pour étancher votre soif de découvertes ici et maintenant : 

Du côté des produits québécois, le Clos Saragnat est un pionnier de cette agriculture de régénération depuis plus de deux décennies. Les nombreux produits (cidres et vins) sont, depuis toujours, d’une qualité irréprochable et se retrouvent dans certaines épiceries fines du Québec. À Montréal, l’épicerie Ô Breton sur l’avenue Mont-Royal offre une belle sélection.

Clos SaragnatClos Saragnat, Avalanche, Cidre de glace, Québec

Laissons tomber un instant le raisin pour la pomme. Le Québec, terre de prédilection pour les cidres de glace, offre aussi une bonne solution de rechange aux vins liquoreux. Issu exclusivement de pommes gelées, le nectar est fermenté sans levures chimiques et élevé pendant deux ans sur les lies. Un cidre qui « claque » sur la langue avec ses 120 grammes de sucre par litre mais qui ravigote les papilles lorsqu’il accompagne un bon vieux fromage spécial pour l’occasion. (27,40$)

Loxarel A Pèl Ancestral Brut Nature 2020

Loxarel, A Pèl, Ancestral, Brut nature, 2020

Pour sa part, l’agence Ward & Associés, représente le domaine Loxarel en Espagne. Quatre cuvées de ce domaine sont présentement disponibles en SAQ et détaillées entre 20 et 30$. 

Coup de cœur absolu pour la cuvée Loxarel A Pèl Ancestral, Brut Nature (29,15$) 

Bonne dégustation!

 

Passionnée par le vin, Véronique Lemieux est fondatrice de Vignes en ville, vigneronne urbaine et viticultrice d’une nouvelle parcelle en collaboration avec le vignoble de La Bauge.