Bourgogne : Quand le climat prend une majuscule

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Quand on parcourt le vignoble de la Bourgogne, on est toujours étonné par le nombre de parcelles parfois si petites et par la quantité incroyable d’appellations qui les composent. Mais, on a surtout l’impression que chaque chose y est à sa place et est répertoriée minutieusement. Et pour cause, puisque ce qui délimite l’origine et le lieu de production de ces vins uniques et exceptionnels porte un nom : les Climats (avec une majuscule).

Par Frédéric Arnould (lefred@toutsurlevin.ca)

La Bourgogne dont les plus grands crus sont recherchés à travers la planète représente sans contredit une multitude de terroirs sur une bande de terre de seulement 250 kilomètres. Ce vignoble millénaire a été ciselé par le savoir-faire des moines bénédictins et cisterciens qui en ont fait une mosaïque de parcelles bien identifiées. Aujourd’hui, leur travail est inscrit dans les Climats qui font la fierté des vignerons bourguignons.

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Portail dans le vignoble de la Côte de Nuits. Parcelle de Latricières-Chambertin Source : BIVB

Qu’est-ce qu’un Climat ?

Oublions la définition première du climat météorologique avec une minuscule et concentrons-nous sur les Climats qui sont l’expression même du terroir.

Comme l’a déjà dit le célèbre Bernard Pivot, « En Bourgogne, quand on parle d’un Climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur terre ».
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Source : BIVB

Il ne croit pas si bien dire puisque chaque Climat est une parcelle de vignes qui a sa propre histoire, une délimitation territoriale bien précise et un goût unique en son genre. Le vignoble bourguignon de qualité a beau être composé de deux seuls cépages, le pinot noir et le chardonnay, il n’en demeure pas moins qu’il y a des milliers de parcelles qui sont toutes plus uniques les que les autres. Lorsqu’on comptabilise les Climats  qui figurent sur les étiquettes des appellations d’origine contrôlée (AOC) Village Premier Cru et des Grands crus (comprenant ceux de Côte de Nuits, Côte de Beaune, Côte Chalonnaise sans oublier le Chablis), on obtient le chiffre impressionnant de 679 ! En réalité, le nombre total est bien plus élevé que cela car bien des vignerons revendiquent des Climats sur d’autres parcelles.

Une carte d’identité du savoir-faire

La Bourgogne doit cette caractérisation à un travail de moines (dans tous les sens du terme) puisque chaque parcelle a été identifiée par des subdivisions cadastrale parfois minuscules et a été délimitée, pour la plupart d’entre elles, par une frontière physique qui a pris la forme tantôt d’un mur de pierre, tantôt de clôtures, d’un chemin, d’une haie, d’un clos (pensez au célèbre Clos de Vougeot) ou encore d’un murger (nom typiquement bourguignon pour ces petits murs construits de pierre sèche).

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Un murger. Source BIVB

Merveilles du monde de l’UNESCO

En 2010, les plus ardents défenseurs de la Bourgogne ont préparé un dossier pour que soit préservée la transmission aux générations futures du patrimoine culturel et naturel de la côte viticole bourguignonne. Moins de cinq ans plus tard, l’organisme a officialisé la bonne nouvelle en acceptant la demande des Bourguignons. La persistance de la tradition viticole, l’enregistrement rigoureux des parcelles et la volonté de protection de ce joyau ont donc été soulignés par l’institution des Nations Unies.

Désormais, la notion de Climats est inscrite au titre des biens culturels dans la catégorie des « paysages culturels, comme œuvre conjuguée de la Nature et de l’Homme. C’est donc la reconnaissance d’un site culturel unique, façonné par l’homme depuis deux millénaires, d’un patrimoine exceptionnel lié à la culture de la vigne ainsi que d’un modèle de viticulture de terroir qui rayonne dans le monde entier.

Au final, l’UNESCO a reconnu 1247 Climats, situés sur la Côte de Nuits et la Côte de Beaune et qui s’étendent sur presque 60 kilomètres de Dijon aux Maranges. Chacun de ces climats a été répertorié en fonction du sol et du sous-sol, de l’exposition au soleil, de la pente et des coteaux, des microclimats et de leur histoire propre. Le tout  a été hiérarchisé selon l’échelle des appellations contrôlées et ce, aussi bien dans le nord que dans le sud de la Bourgogne.

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Source : BIVB

La science des parcelles en exemple

Qu’ils aient pour nom Clos des Lambrays, Clos de Bèze, Chambertin, Chablis Grand Cru, Les Clos, Romanée-Conti, Montrachet ou encore Musigny, toutes ces appellations qui font rêver et titillent nos papilles juste à les prononcer ont donc été définies par ces Climats, qui constituent l’ultime expression du terroir bourguignon. Si vous parcourez d’ailleurs les étiquettes de plus en plus de vins de qualité du monde entier, vous constaterez probablement que les sélections parcellaires ont le vent dans les voiles. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que le modèle bourguignon fait des émules quant à la science des parcelles. Une science parfois imitée donc, mais qui ne sera évidemment jamais égalée puisque la Bourgogne restera toujours ce qu’elle a été, une mosaïque de terroirs uniques.

Pour en apprendre davantage sur le monde des Climats, c’est par ici : http://www.vins-bourgogne.fr/nos-vins-nos-terroirs/nos-climats-et-lieux-dits/climats-et-lieux-dits-aux-racines-des-vins-de-bourgogne,2379,9173.html?