Brancaia et Sette Ponti, deux jeunes et jolies dames de la Toscane

Deux belles rencontres m’ont permis dernièrement de retourner par flacons interposés dans cette région d’Italie qu’il est difficile de ne pas aimer. D’abord, c’est entre Sienne et Florence que nous avons fait pour la plupart, professionnels ou amateurs avertis, notre école du vin italien, mais aussi découvert les subtilités du sangiovese, du chianti classico et autres cuvées, des plus modestes aux moins accessibles…

Par Jacques Orhon, sommelier, auteur et globe-trotter du vin

Commençons par la Casa Brancaia qui a vu le jour en 1981, sous la houlette d’un couple suisse, Brigitte et Bruno Widmer, tombés en amour avec les jolies collines situées entre Castellina et le beau village médiéval de Radda in Chianti. C’est justement sur ces deux communes que se trouvent les deux premiers vignobles (de vingt hectares chacun) qui vont contribuer à la réputation de leur propriété.

Un peu plus tard, ils vont s’installer aussi dans la Maremma, dans le sud-ouest de la Toscane, où ils possèdent maintenant une quarantaine d’hectares, pas loin de Grosseto. En compagnie de leur fille, Barbara Widmer, qui gère maintenant la société tout en dirigeant en bonne œnologue, les vinifications, j’ai pu de visu, au nez et en bouche, constater ce qui fait la personnalité de ses vins.

Barbara Widmer

Barbara Widmer

En un mot, ce qui m’a séduit, tant aux papilles qu’au palais, c’est la finesse olfactive et la qualité soyeuse des tanins, grâce à une maturité phénolique des raisins (cultivés en bio) due à une précision dans la gestion des vendanges, digne d’un horloger genevois. Comme quoi, si on compare Brancaia avec les domaines aussi prestigieux qu’ancestraux de la région, on tient encore une fois la preuve qu’aux âmes bien nées – et en moyens – la valeur n’attend point le nombre des années.

Brancaia Tre Toscana 2021Toscana 2020, Tre Toscana

Avec sa robe d’une belle franchise, cet assemblage (issu des trois vignobles) entre merlot et cabernet sauvignon (entre 20 et 30%) s’appuie sur une forte proportion de sangiovese. Il offre un très joli nez de petits fruits noirs et rouges bien mûrs, une grande souplesse en bouche et une acidité en équilibre. Bon aujourd’hui et d’un excellent rapport qualité-prix, il sera étonnant dans cinq ans. C’est le temps de mettre quelques bouteilles en réserve. BIO. (24,45$)

Brancaia N°2 2021Maremma Toscana 2021, N°2

Comme son appellation l’indique, le vin est issu de la Maremma, proche de la Méditerranée. La magnifique propriété du bord de mer a été entièrement retravaillée, offrant dans cette cuvée un environnement qui va servir d’écrin au seul cabernet sauvignon. La robe dense aux reflets grenats, et les tanins compacts, mûrs et d’une grande qualité, laissent entrevoir un potentiel de vieillissement qui risque de vous étonner et d’époustoufler vos invités, dans cinq à huit ans. À ce prix? Les aficionados du cabernet sauvignon ne devraient pas hésiter! BIO. (29,30$)

Brancaia Il Blu 2019Toscana 2019, Il Blue

Cette cuvée destinée aux amoureux du merlot (80% de l’assemblage + cabernet et sangiovese cultivés à Radda) est superbe. Avec sa robe très sombre et ses tanins bien enrobés, ce 2019 possède un énorme potentiel, proportionnel toutefois à votre patience avant d’ouvrir la bouteille. Courte mais néanmoins intéressante verticale de ce vin qui nous a permis de constater sa bonne évolution entre les effluves de réglisse trouvés dans ce dernier, la fraîcheur persistante dans le 2103 et les notes de cuir dominantes dans le 2009. (101,75 $). Disponible dans la loterie de la SAQ Italien de Renom.

Sette Ponti et la famille Moretti Cuseri

S’il faut remonter un peu plus loin que Brancaia avec la Tenuta Sette Ponti depuis l’acquisition dans les années 1950 des 55 premiers hectares achetés par l’architecte Alberto Moretti Cuseri, c’est en 1990 que son fils Antonio va créer son domaine, cessant la vente de ses raisins pour les garder en propriété exclusive dans l’élaboration de ses propres vins.

La preuve avec cette photo qu’avec le bon vin, on voit la vie en rose…. En compagnie de Natascia di Marco et Alberto Moretti, et de Étienne Bezard, de Noble Sélection

C’est ainsi qu’en 1998 sera proposé aux œnophiles le premier millésime du Crognolo, puis celui de l’Oreno l’année suivante. C’est en compagnie de son fils Alberto, représentant la 3e génération, et directeur des exportations et des communications, que j’ai redécouvert il y a peu de temps le très bon niveau de qualité de cette propriété.

Tenuta Sette Ponti Vigna di Pallino Chianti 2019Chianti 2019, Vigna di Pallino

Malgré un début d’évolution dans la couleur, qui n’est toutefois pas gênant, j’ai bien aimé ce vin très expressif, sur un fruit très net, et doté de tanins satinés, ce qui confère à l’ensemble une réelle souplesse. Un autre beau rapport qualité-prix pour ce pur sangiovese qui n’a vu que les cuves en inox et en béton. (19,80 $) À surveiller le 2020 (cette fois-ci en bio) qui devrait arriver en septembre.

Tenuta Sette Ponti Crognolo Toscana 2020Toscana 2020, Crognolo

Avec sa robe d’un foncé intense, ce sangiovese tempéré par une touche de merlot, surprend par sa présence au nez malgré son jeune âge et sa finesse aromatique. Que du plaisir en bouche avec une fraîcheur évidente, des tanins mûrs et des notes poivrées en rétro. Avec un steak au poivre? On en redemande! (29,30 $)

Tenuta Sette Ponti Crognolo Late Release 2016Toscana 2016, Crognolo Late Release

C’est toujours intéressant de pouvoir se procurer des vins un peu plus âgés. C’est le cas avec ce Crognolo plus évolué forcément que le précédent, et qui a pris son début de patine dans la fraîcheur des chais toscans. Avec ses jolies notes vanillées et ses tanins assouplis, cet excellent vin est presque prêt à boire, et atteindra sa plénitude dans trois à quatre ans. (48,25 $)

Tenuta Sette Ponti Oreno 2019Toscana 2019, Oreno

Enfin, la cuvée Oreno, avec son assemblage à la bordelaise (50% de merlot, 40% de cabernet sauvignon et un peu de petit verdot), plaira aux amateurs de rouges girondins. Ce 2019 s’est présenté le jour de la dégustation avec un bel équilibre et une grande élégance qui n’était pas camouflée par la structure tannique, encore présente, et le pourcentage d’alcool un tantinet trop élevé. (90,50 $) Non disponible, en attente de reconduction.

On peut également se faire plaisir avec de nombreuses autres vins, dont le Sette, un 100% merlot, toujours de Sette Ponti, mais aussi les bolgheri et toscana sous l’étiquette Orma, les vins de Poggio Al Lupo, et enfin, une bonne surprise avec leurs excellents vins siciliens de la magnifique région de Noto, dans le sud-est de l’île, élaborés au Domaine Feudo Maccari. Ça tombe bien, tous ces vins sont représentés par la même agence : Noble Sélection. 

Jacques Orhon est maître sommelier et cofon­da­teur de l’Association canadienne des sommeliers professionnels. Conférencier, professeur, expert en dégustation et véri­table globe-trotteur du vin, il parcourt depuis un demi-siècle les vignobles du monde. Ses ouvrages ont été maintes fois récompensés; lui-même a reçu le Prix Hommage dé­cerné par A3Québec, association qui représente l’industrie des vins et des spiritueux.