Pour tout savoir sur les spiritueux du Québec
J’avoue que je ne m’y attendais pas. De m’intéresser d’aussi près au vaste monde des spiritueux, en particulier à ceux produits ici, au Québec. Car je viens du monde de la dégustation du vin, bien que les spiritueux se trouvaient régulièrement sur mon palais, à des fins d’analyse et de plaisir. Ainsi, oui, j’ai publié cet automne Le Guide Georges des spiritueux du Québec, pour lequel j’ai rencontré 15 distilleries et dégusté près de 200 produits.
Par Ronald Georges*
La SAQ vend près de 400 spiritueux québécois, selon son site Internet. J’aimerais bien voyager dans le temps pour connaître le nombre de produits qu’elle proposait en 1999 ! Cette année-là, le cidriculteur Michel Jodoin se procurait un alambic et devenait ainsi le premier micro-distillateur du Québec. Quelques années plus tard, Les Subversifs, Cirka, Distillerie 1769 et d’autres emboîtaient le pas. Un produit allait marquer le coup : le gin. Aujourd’hui, la SAQ en vend 152 ! L’offre est exponentielle depuis quelques années. De nos jours, l’Union québécoise des micro-distilleries (UQMD) compte plus de 50 membres!
L’industrie commence à évaluer ses repères et à s’organiser depuis quelques années. Le succès est au rendez-vous pour plusieurs micro-distillateurs, mais leur principal obstacle demeure la majoration de la SAQ pour la vente sur place; ils doivent verser 52 % de chaque bouteille vendu à la société d’État. Le problème : les autres producteurs d’alcool (vin, cidre, bière) peuvent donc créer des alcools exclusifs ou en quantité limitée et offerts sur place, et non dans le grand réseau de la distribution. Par chance, des discussions sont en place entre l’UQMD et le gouvernement du Québec.
L’après-gin
Dans quelques années, je m’attends à un déferlement de whiskys, qui ont patiemment vieilli dans les caves de micro-distillateurs. Et oui, pour financer la production du whisky, il fallait bien proposer en attendant du gin et de la vodka! Ironiquement, le contraire s’est produit dans des marchés comme l’Irlande. De 2010 à 2019, le nombre de distilleries productrices de whiskys est passé de 4 à 32. Et ils se sont mis à faire du gin et à les vendre auprès de leurs prestigieux whiskies âgés. Par exemple, plus de 75 gins sont produits sur l’île d’Emerald, selon le site britannique de commerce en ligne Master of Malt.
L’avenir est donc prometteur pour une industrie très locale, mais dont les ramifications seront peut-être internationales si ses acteurs jouent bien leurs cartes.
Trois coups de cœur de spiritueux québécois
Distillerie de Montréal Rosemont la Pomme
Pour la pure expression de la pomme, la finesse de l’ensemble et la finale dynamisée par des saveurs de sucre d’érable. (58$)
Distillerie du St. Laurent Acérum 1 an
L’Acérum a toutes les qualités pour devenir une appellation d’origine contrôlée connue partout dans le monde. Le Québec est le plus grand producteur de sirop d’érable au monde, alors pourquoi ne pas la distiller et miser sur cette richesse ? Chose certaine, les mots complexité et fluidité s’appliquent dans cet Acérum. (69,25$)
Distillerie du Fjord, 48 Chemin Price
Tout le sens du mot local s’affiche fièrement dans ce gin, distillé à partir de bleuets et de genévrier du Saguenay et composé de 48 ingrédients cueillis au nord du 48e parallèle. Un gin explosif et long en bouche. (56,50$)
Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à consulter Le Guide Georges des spiritueux du Québec, Ronald Georges, Éditions Les Malins, 2021
* Ronald Georges est auteur du Guide Georges des spiritueux du Québec ainsi que de Rouge sur blanc, À la découverte des vins et spiritueux du Québec.Il est également chroniqueur vin sur son blogue : https://ronny40.wordpress.com/