Guy, Guy, Guy ! 

Guy Lafleur - tout sur le vin

Au vu des centaines de pages que j’ai dû noircir sur le sujet depuis toutes ces années, la chose, on peut l’affirmer, est bien documentée : l’auteur de ces lignes est un amateur de bordeaux confirmé. En ces temps où les vins spéciaux, « nature » ou autrement dénaturés, font courir les cools, avouez que ce n’est pas rien…

Par Marc Chapleau

Mais je triche, des fois, car j’avoue être aussi porté vers les vins du Rhône Nord – les côte-rôtie, crozes-hermitage, cornas et cie. (Pas sûr par contre que je m’enticherai de ceux, annoncés, d’un certain Démon blond, dont je vous parlerai tantôt.)

Comme si le Rhône au nord de Valence offrait le meilleur de deux mondes, à savoir la puissance et la charpente des bons médocs ou pessacs et, en même temps, notamment parce qu’ils sont relativement peu tanniques, la grâce et la suavité des plus savoureux bourgognes.

Cela dit, les prix, là-bas aussi, ont atteint des sommets décourageants ces dernières années. Jamet, par exemple : son côte-rôtie d’entrée de gamme est rendu à près de 125 $, alors qu’il s’est longtemps transigé autour de 70 $.

Heureusement, il y a encore moyen de se griser des envoûtants arômes de la syrah rhodanienne à moindre coût. À preuve, les deux commentaires de dégustation que voici.

Les Vins de Vienne Saint-Joseph 2017Saint-Joseph rouge, Les Vins de Vienne 2017, Vallée du Rhône, France  

Délicieuse syrah du Rhône Nord, pas la plus concentrée ni la plus profonde, c’est vrai, mais tous les autres beaux attributs de l’appellation et de la région y sont : couleur, arômes de bacon et de violette typiques du cépage, caractère souple (très saint-joseph) en bouche, peu tannique mais très bien structuré, saveurs à peine corsées, acidité notable, excellente digestibilité (traduction : un verre n’attend pas l’autre). Ah, oui, aussi, s’avérera polyvalent à table – viandes, pâtes, pizza, etc. (33 $)

Domaine Combier Crozes-Hermitage 2017Crozes-Hermitage rouge, Domaine Combier, 2017, Vallée du Rhône, France

Syrah corsée et concentrée, bien typée avec ses arômes de violette, de bacon et de sang frais. Des notes épicées ressortent en bouche, fraîcheur et générosité sont conjuguées, empreinte boisée manifeste mais bien dosée. Agrumes en finale. Difficile de résister… (39,25 $)

Autrement, et puisque je parlais tantôt de bourgognes, celui-ci vaut le détour : 

Didier Erker Givry premier cru Les Bois Chevaux 2017Givry 1er Cru « Les Bois Chevaux », Didier Erker, 2017, France

Excellent, minéral et tonique, avec beaucoup d’allant et une relative astringence, loin d’être déplaisante. Quelques notes « métalliques », rappelant, désolé amis véganes, le sang frais – comme dans certaines syrahs. Finale sur la cerise, assez persistante. Déjà très bon, ce givry devrait se bonifier en cave au cours des 4-5 prochaines années. (33,25 $)

Deux blancs, pour finir. 

Domaine Ostertag Pinot Gris les Jardins Pinot Gris 2017Pinot Gris « Les Jardins », Ostertag 2017, Alsace, France

Impeccable pinot gris alsacien du vigneron-poète André Ostertag, au nez de pâtisserie typique du cépage, avec également une pointe d’acidité volatile. m’a-t-il semblé, qui jazze encore plus le vin. Un peu de sucre résiduel, autour de 5 g, mais c’est le terroir qui le veut ainsi, puisque ce blanc d’Alsace, relativement riche et corsé, conserve néanmoins fraîcheur et équilibre. À table, pétoncles, homard, poulet en sauce, ce genre de gâterie. (36,50 $)

Weingut Geyerhof Rosensteig Grüner Veltliner DAC 2018Geyerhof, Grüner Veltliner, 2018, Autriche

J’oserais tenter ceci : ce blanc autrichien, à base de grüner veltliner, fait penser à un croisement entre un riesling australien de la Clare et un vinho verde portugais. Vous me suivez ? Pas grave. C’est rafraîchissant, mi-corsé, avec un bon goût de limette, des notes de conifère, un soupçon de gaz carbonique. Très bon ! (24,60 $)

Guy, Guy, Guy !

J’ai reçu voilà quelques jours un courriel m’invitant à me préparer au lancement prochain d’une excitante gamme de nouveaux vins, ceux de Guy Lafleur, en provenance du Niagara.

Vin Guy Lafleur - Tout sur le VinHmm, ti-Guy hein, le Démon blond… qui fait du vin maintenant.

Enfin, à l’instar des Wayne Gretzky, George Clooney et autres Gérard Depardieu de ce monde, on peut présumer qu’il ne fait surtout qu’investir et prêter son nom à l’aventure.

Why not ? Même si, je ne sais trop pourquoi, la proximité peut-être, le fait de ne pas pouvoir prophétiser en son pays, anyway, une déclaration du genre : « Hé, on s’ouvre-tu un Guy Lafleur ce soir ? », ça sonne drôle, non ?