La pastille orange

orange - tout sur le vin

Je me sens généreux, cette semaine. Pas de ma faute. S’il fallait blâmer quelqu’un ce serait Rézin, l’agence promotionnelle à la pastille orange collée sur la bouteille, bien connue des amateurs.

Par Marc Chapleau

Comme quelques autres représentants en vins et spiritueux, ladite agence me fait régulièrement parvenir des échantillons, soumis à mon attention dans l’espoir, bien évidemment, que je vous en parle si j’ai trouvé le ou les vins en question particulièrement bons.

(Je ne suis évidemment pas le seul dans ce cas. C’est d’ailleurs pour cette raison que tout le monde ou presque dans le milieu parle souvent des mêmes vins en même temps. Et on pourrait dire la même chose des chroniques sur les films, les livres, la musique et l’actualité en général.)

Frontons Flingueurs - Tout sur le VinToujours est-il que voilà longtemps que je n’avais pas autant trippé sur un « petit » vin qu’avec ce Les Frontons Flingueurs 2018, rouge bio du sud-ouest produit par le domaine de la Colombière, à une trentaine de kilomètres au nord de Toulouse. Une sorte de cru du beaujolais en plus baraqué, avec des notes de cuir et de violette, gracieuseté du cépage négrette. Un soupçon de restant de gaz carbonique qui avive l’ensemble, tout plein de fruit par ailleurs, juste assez de tannins, un caractère mi-corsé, fraîcheur tout du long. Pas un grand vin, encore que… mais vu le plaisir qu’il m’a procuré, vu sa polyvalence à table (parfait pour la pizza maison, parfait aussi avec l’agneau grillé), j’ose me fendre à son égard d’un quatre étoiles. (22,10 $ / ****)

C’est Rézin qui représente ce vignoble au Québec auprès de la SAQ, des restaurateurs, des sommeliers et des chroniqueurs et autres blogueurs.

Rayos Uva RiojaDans la même grappe de Rézin, dans la même boîte d’échantillons, il y avait le Rioja Rayos UVA 2018, élaboré par Olivier Rivière, un Français établi là-bas depuis une quinzaine d’années. Un rioja sur le fruit plus que sur le bois. Tempranillo pour moitié, complété par du graciano et du grenache. Notes épicées et notamment poivrées bien marquées, du corps en bouche, belle acidité structurante. Excellent rapport qualité-prix. (21,20 $ / ****)

Le Fraghe Brol Grande Bardolino Classic 2016Ici, pour faire bonne mesure, un mot pour dire que le Bardolino Le Fraghe Brol Grande 2016, outre son nom un poil alambiqué, m’a de son côté laissé perplexe. Je ne sais trop sur quel pied danser avec celui-là, pas grand-chose au nez, se révèle davantage en bouche, c’est léger, souple et épicé, un vin de soif, manifestement. Le prix est cependant élevé. (29,20 $ / ***)

Tant qu’à être en Italie, et je délaisse un instant les vins de l’agence à la pastille orange, le Chianti Gabbiano Cavaliere d’Oro 2018, à moins de quinze dollars, m’est apparu fort honnête, sans complexité mais avec passablement de générosité. Tannins amènes, peu astringents, caractère par ailleurs bien sec et bien lissé, sans trop d’aspérités. Très ok, vraiment. (13,95 $ / ***)

Domaine Mourgues du GrèsEn blanc, une perle, une autre, ça m’embête un peu de dérouler le tapis rouge à tout va, comme ça, mais le Mourgues du Grès Terre d’Argence blanc 2018, franchement, comment résister !

Un très bon blanc bio des environs de Nîmes riche et corsé, avec de la profondeur, des notes fumées et de la densité. Pour mémoire : assemblage de viognier, roussanne et petit manseng. Pratiquement pas de résiduel, moins que 2 grammes. J’ai dit très bon, au début de mon commentaire ; je me ravise, allons-y pour excellent. Cela dit, retroussons nos manches et préparons un bon vieux spaghetti carbonara pour aller avec ça. (24 $ / ****)

Une bière, pour finir. Enfin, une bière…

Oshlag Nano« Essaie la Oshlag Nano IPA tu vas voir, elle est étonnamment goûteuse », m’avait encouragé un copain. Chose demandée, chose bue. Et puis ? Mieux que redouté : cette extra-légère à 2 % d’alcool n’est pas loin de ressembler à une vraie bière, la couleur y est, même chose pour la mousse et les arômes, floraux et houblonnés. Pour le reste, les saveurs elles-mêmes sont hélas diluées, la carence en alcool privant la boisson de corps et de profondeur, ça goûte bon, oui, mais ça goûte l’eau, aussi. Cela dit, es-tu, toi là-bas, enceinte, médicamenté ou chauffeur désigné et là, peut-être qu’effectivement c’est une bonne idée… (prix variable / **1/2)