La Terre promise

vin de jordanie, La Terre promise

Ce n’est pas pour faire l’important ni pour susciter de la jalousie, mais très bientôt, si mes amis tiennent parole, je porterai à mes lèvres un vin jordanien…

Par Marc Chapleau

Ils arrivent de là-bas, et ont été surpris, eux aussi, de découvrir qu’on faisait du vin dans ce pays majoritairement musulman – quoiqu’on en produise aussi dans une bonne partie du Maghreb, par exemple.

En Jordanie, des familles chrétiennes élaborent des rouges et des blancs à base de cépages internationaux bien connus – cabernet, shiraz, pinot noir, chardonnay, muscat, etc. Les vignobles sont regroupés à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale, Amman, et à proximité de la frontière syrienne. Les terroirs seraient en partie d’origine volcanique.

J’arrête là la description de cette énième improbable terre viticole ; une fois le vin des copains dégusté en bonne et due forme, on en reparlera, si ça en vaut la peine.

En attendant, une valeur sûre à se mettre derrière la cravate. Enfin, une valeur sûre… Nous devons en effet ici confesser qu’il arrive que nos préférés nous déçoivent, sans carrément démériter.

C’est le Chablis La Sereine 2017 La Chablisienne qui m’a laissé un brin – voyez comme j’y mets les formes, à tempérer mon reproche comme si je craignais de me faire taper sur les doigts, ce serait d’ailleurs, selon certains, devenu une seconde nature chez les chroniqueurs de vin, ces indécrottables béni-oui-oui – long long détour donc, désolé, pour dire que ce La Sereine m’a moins plu qu’à l’accoutumée, voilà, ouf, je me suis commis.

La Chablisienne La Sereine - Tout sur le VinNéanmoins toujours recommandable, ce Chablis d’entrée de gamme élaboré par l’une des meilleures caves coopératives de France. Sauf qu’un soupçon de résiduel (2,7 g) et des accents tropicaux (ananas) enlèvent de l’éclat à la finale – qu’on souhaite d’ordinaire plus tranchante, avec les vins de cette appellation. Autrement, qu’on ne se méprenne pas, il s’agit quand même d’un très bon bourgogne blanc, avec des notes de fumée bien présentes et un très respectable équilibre d’ensemble. (23,45 $ / ***)

De Wetshof Limestone Hill Robertson 2019 - Tout sur le VinAutre chardonnay maintenant, celui-ci sud-africain et très particulier. En ce sens que ce Limestone Hill De Wetshof 2019 est à la fois très mûr, limite sucré, et bien vif, piquant même quasi, et avec une certaine minéralité. L’ensemble déroute au premier abord, à l’aveugle j’aurais plutôt dit chenin d’année chaude, par exemple, mais la proposition se défend, d’autant que le prix est raisonnable (15,90 $ / **1/2)

Prosecco, à présent.

 

Dieu que ça part mal, dans mon esprit du moins, quand je tombe sur un autre de ces proseccos que la SAQ n’arrête pas de sortir de son chapeau. C’est que, à part le nom lui-même, tellement cute et facile à prononcer, la plupart me laissent de marbre, à peine si mes yeux s’humectent quand ils reluquent la dive bouteille.

Villa Sandi Il Fresco ProseccoMais, mais (évidemment, sinon je n’en aurais pas fait tout un plat), voilà-t-il pas que ce Prosecco Villa Sandi Il Fresco s’avère un très honnête mousseux italien, relativement doux (13 g de résiduel) mais par ailleurs bien pourvu en acidité, si bien que la fraîcheur et l’équilibre sont préservés. De la rondeur en bouche, une pointe briochée. (15,45 $ / **1/2)

Je termine ce papier comme je le fais souvent de mes soirées bien arrosées : en ouvrant une bière – une cleansing ale, comme disent les Australiens.

Du coup, comme on dit cette fois au pays des mille et une retraites, je vais sûrement me gagner quelques admirateurs au Saguenay puisque c’est encore un produit de La Voie maltée que je vais ploguer ici. La broue en question s’appelle La Petite Torieuse, je blague, encore, mais j’exagère à peine puisque cette hefeweizen répond en fait au doux nom de La Malcommode.

La Malcommode La Voie Maltée - Tout sur le VinUne blanche d’inspiration allemande plus que belge, qui sent bon la banane (alors que dans le vin, cet arôme n’est pas vraiment apprécié),
bien fruitée, miellée, épicée, florale, légère (4,6 %), acidulée, avec néanmoins du moelleux. Clair, à me lire, que je l’ai aimée. D’autant que ça change de la tyrannie des IPA et autres brettées, dont on commence parfois, non ? à se lasser. Amenez-en donc des mal embouchées de ce genre, et pas juste l’été quand il fait chaud ! (Prix variable / ***1/2)