La potion magique

Potion magique - Tout sur le Vin

Le coronavirus a beau avoir frappé, ce qui n’a pas trop changé, depuis, c’est la douce euphorie qui continue de nous bercer, cette exquise expectative qui envahit progressivement tout bon amateur de vin, le samedi venu…

Par Marc Chapleau

Bien sûr, il paraît qu’il vaut mieux pour notre santé boire un peu chaque jour, que beaucoup et tout concentré le week-end. Mais le samedi soir…, c’est spécial.

Personnellement, la machine se met en marche dès le réveil. Je lis le journal et sirote mon café, l’air absorbé, alors qu’en réalité, j’ai une bonne partie de la tête ailleurs. Au cellier, plus exactement, en train de réfléchir à ce que j’ai dedans et que je pourrais bien ouvrir, sitôt la noirceur tombée.

Plus la journée avance, plus le plan de match se précise. L’idée est d’orchestrer un crescendo, de commencer par prévoir l’apéro (quelque chose d’assez tranchant, de sec : un sancerre ? un champagne ? une manzanilla ?), puis de penser au premier rouge et éventuellement à un deuxième – à moins d’opter alors pour un blanc riche et corsé. Un vin de dessert après ? Ça dépend, pas tout le temps, ça m’ennuie de le dire mais à la maison, on passe souvent tout droit, négligeant de se laisser charmer par la sublime mélodie des moelleux et des liquoreux.

Vins - Tout sur le Vin

La question du repas vient en second. Et je ne me fais surtout pas de bile avec les accords vins-mets – dès qu’on a le moindrement fait ses classes, c’est le dernier de nos soucis ou presque. C’est si simple, quelques notions de base, un peu de jugeote et, avant tout, accepter de se tromper de temps en temps, de préparer un plat trop ceci ou trop cela, qui masque le goût du vin. On ne commet pas la même erreur deux fois, et après ça, on n’a pas besoin de guide, ça va tout seul.

L’heure H, cela dit, c’est vers 17 heures, quand le moment est venu d’aligner les verres sur le comptoir, d’ouvrir l’apéro et, tout en le dégustant, de tester les autres vins du souper – des fois qu’il vaudrait mieux les carafer ou les remplacer.

Avec en plus Neil Young, Melody Gardot, Mark Knopfler et Jean Leloup qui irradient en random dans les haut-parleurs, virus ou pas, le bonheur n’est pas loin d’être complet…

À la nôtre !

 

N.B. Si le texte qui précède vous semble familier, vous n’avez pas rêvé : c’est, à peu de choses près, un édito qui avait été précédemment publié dans le magazine Cellier. Si je me suis ainsi « autoplagié », c’est que je ressens, depuis le début de la pandémie, le même type de réconfort, les soupers, et bien entendu les vins qui vont avec, étant devenus des moments-clés, des temps forts, autour desquels le reste de la journée s’organise. Or j’ai bien l’impression, pour en avoir parlé parlant aux proches et aux amis autour, que nous sommes nombreux dans ce même bateau, dans ce même espace-temps bien particulier…