Mollusque toi-même !
Sans savoir si la chose allait être remarquée, je me suis exceptionnellement abstenu de donner un score aux vins, dans mon dernier papier.
Par Marc Chapleau
Le premier à réagir a été Marc-André Gagnon, de Vin Québec, malicieusement connu comme étant le « poil à gratter » de la SAQ. Gagnon est pour les notes accolées aux commentaires de dégustation – et par ailleurs tant mieux, donne-t-il parfois l’impression, si elles sont basses…
D’autres ont rapidement emboîté le pas, l’amateur confirmé Yves Martineau et le chroniqueur Patrick Désy notamment, militant à peu près tous pour l’ajout d’une note, fut-elle sur cinq, sur cent ou sur vingt. L’idée, je résume ici à grands traits leur argumentation, étant de mieux guider le lecteur, d’ajouter à l’information qu’on transmet sur le vin en question. Bien d’accord avec eux.
Pour ma part, si j’ai la semaine dernière décidé de ne pas pousser la note, c’est que mon système, basé sur 5 étoiles, ne me permettait pas de nuancer suffisamment mes appréciations. J’avais eu deux vins comparables devant moi, l’un dépassait l’autre d’une toute petite tête mais les deux allaient se retrouver affubler du même score de 3 1/2 étoiles. J’ai pensé un instant mettre 3 1/2 « fort » pour mon préféré, ou 3 3/4 « faible », mais je me suis dit, hé, si je fais ça je vais me faire niaiser.
Alors qu’un score sur 100 permet facilement ce genre de pirouette. Genre 88 pour le premier et 89 pour toi, chou bidou.
Résultat des courses ? Je pense bien revenir au bon vieux système qu’on a tous ou presque connu, à l’école. Même s’il a des effets pervers, exemple tout ou presque se retrouve noté entre 85 et 90 %. Mais c’est la même chose avec les étoiles, la grande majorité des notes attribuées tourne autour de trois étoiles, trois étoiles et demie.
À suivre.
Huîtres et gin
Changement total de sujet, pas si drastique au fond puisqu’il s’agit tout de même ici de saveurs, de dégustation et d’appréciation.
Nous goûtions des huîtres du Pacifique en fin de semaine, des Rebel Ark de Colombie-Britannique. Grosses, charnues, très « algue » en bouche, très « concombre » aussi – trop, au goût de certains.
Un moment donné, je ne me souviens plus trop comment l’idée est arrivée, on s’est dit que le goût rappelait celui de plusieurs gins, québécois notamment. Et va chercher la pipette qui sert à se mettre des gouttes dans les oreilles, et non, pas la peine de la stériliser : deux gouttes de gin Piger Henricus (aromatisé au panais) sur le mollusque et, bordel de merde de nom de dieu, ça marche ! Une autre dimension s’ajoute, le goût de l’huître est non seulement préservé mais amélioré, la finale a plus d’éclat, plus de punch, plus d’acidité on dirait.
Avec le poulet cacciatore
Poulet chasseur, sauce tomate : ça nous prend du sangiovese, avais-je décrété. Sauf que l’invité, ne sachant pas qu’on allait dans cette direction, a apporté un bordeaux, le Château Ferrière 2005.
Allez hop, dans le line-up. Eh bien le petit maudit, le Ferrière s’entend, certainement pas Alexis, n’a pas démérité – et rien à voir avec un certain penchant que j’aurais récemment confessé.
Le Brunello di Montalcino 2008 Pian delle Vigne et le Chianti Classico Tenute Marchesi 2010 ont très bien paru, surtout le premier, mais le margaux, dépouillé, bien tendu, a passé comme une lettre à la poste. Comme quoi les accords vins-mets, il faut beaucoup relativiser et ne pas trop stresser.
« Vieilli en succursale »
L’expression avait cours parmi les connaisseurs, voilà quelques années, pour décrire des vins depuis longtemps arrivés au Québec et vieillis… pas de manière optimale, disons.
Pour preuve, cette aubaine que je pensais faire en achetant récemment un 375 ml du sauternes Château de Fargues 2010, dont le prix n’avait étrangement presque pas bougé depuis son arrivée ici en primeur, en 2014. Au pire, avais-je dit au conseiller de la succursale visitée, s’il n’est pas conforme et en forme, je le rapporte.
Or vérification faite, l’oxydation a commencé à faire son oeuvre, cela paraît que le vin n’a manifestement pas été conservé au frais, comme dans un cellier. Déjà sa couleur – que j’ai pu comparer avec un autre Fargues 2010 vieilli, lui, depuis le début dans une cave à atmosphère contrôlée – est trop foncée, trop orangée. La bouche suit, sur le caramel, manquant de fraîcheur.
Dommage.
Bonjour Monsieur Chapleau,
Les notes sur 5 étaient parfaites.
Les commentaires sur le vin sont suffisants pour faire la part des choses.
Cordialement.
Merci pour votre commentaire et toutes mes excuses pour ma réaction plus que tardive !