J’ai souvent dit que l’un de mes cépages préférés était le chenin. Mon voyage à Montlouis-sur-Loire n’a que confirmé l’amour que je porte aux vins élaborés à partir de ce cépage. J’admire sa polyvalence (on peut aussi bien en produire en vins secs, demi-secs, liquoreux ou effervescents) et son adaptabilité aux différents terroirs.

Par Marie-Hélène Boisvert

S’il est une chose que j’ai retenu de ma participation à l’événement Montlouis on the rock, c’est que le chenin blanc possède une énergie qui lui est propre. Les différentes dégustations et conférences de vignerons m’ont également permis de saisir un peu mieux ce que ce cépage a à offrir.

 Le 4 juillet dernier avait lieu l’événement Montlouis on the rock à Montlouis-sur-Loire. Plusieurs chroniqueurs québécois y étaient invités. La dégustation avait lieu dans une clairière derrière le Château de la Bourdaisière. 

Portrait de Montlouis sur Loire  Création de l’appellation: 1938 Surface: 450 hectares 50 vignerons indépendants et coopérateurs Développement durable: 48% du vignoble certifié BIO ou biodynamie, 40% certifié Terra Vitis Production: 60% de vins effervescents, 30% de vins secs, 10% de vin demi secs et vins moelleux Cépage: chenin blanc

 Un terroir unique

L’appellation de Montlouis-sur-Loire est située entre le fleuve de la Loire et le Cher, son affluent. Ce plateau calcaire est idéal afin que le chenin blanc puisse s’exprimer à sa pleine capacité. La polyvalence des terroirs de l’appellation permet autant d’expressions différentes du même cépage. Des sables éoliens ou limoneux, des argiles à silex (appelés ici “les perruches”) et des limons-argilo-calcaires sont les différents sols de l’appellation. Les deux cours d’eau ont également un effet important sur la viticulture à Montlouis, notamment avec leur effet tempérant. Tous ces éléments, en plus de l’expertise des vignerons de l’appellation,  ajoutent à la complexité et à la finesse des vins. Leur vibrance est indéniable.

Le chenin blanc et les changements climatiques

Même s’il s’agit d’un cépage qui possède un grand potentiel de garde, il se déguste très bien en jeunesse et il résiste, selon certains vignerons de Montlouis-sur-Loire, très bien aux changements climatiques qui s’opèrent depuis déjà quelques années dans la région. Serait-ce l’un des cépages d’avenir pour faire face aux changements climatiques ?

Résumé des conditions climatiques des derniers millésimes à Montlouis-sur-Loire   2015: premier millésime davantage solaire 2016: gel sur 80% de l’appellation 2017: gel sur 50% de l’appellation, chaud et humide par la suite, botrytis 2018: Abondance de production, pas de gel, canicule tardive a eu un impact sur l’acidité des vins 2019: 30-40% gel, canicule en début de saison, dégradation des acides 2020: chaleur, mais bon millésime 2021: gel sur 70% à 90%. Millésime très difficile.

Montlouis à boire!

La Grange Tiphaine Montlouis-sur-Loire Nouveau Nez 2020

Des bulles avec de la profondeur et de la texture.

(35,25$)

La Grange Tiphaine Clef de Sol 2020

“Patchwork de parcelles”, vin vibrant, tonique.

(40,00$)

Domaine La Taille aux Loups Rémus 2020

Fraîcheur enrobée, miel, fraîcheur.

(37,50$)

Si les vins de la Loire sont bien souvent bus en jeunesse, rares sont les vignerons qui font autant la promotion du vieillissement du chenin blanc que Jacky Blot. Rencontré lors du voyage à Montlouis, j’ai été renversé par l’authenticité des vins et du vigneron.

«Les vins ont une grande capacité de garde, sans qu’ils ne soient chiants à déguster en jeunesse» – Jacky Blot, ce vigneron adepte des vendanges “al dente” pour garder de la fraîcheur dans les vins.

Montlouis Les Tuffeaux 2018

Ne vous laissez pas impressionner par les 9 quelques grammes de sucre résiduel de cette cuvée en biodynamie de François Chidaine, il ne fait qu’ajouter une dimension et profondeur au vin. C’est d’ailleurs sur ce point que Patrick Rigourd, conférencier lors de l’événement insistait: il faut cesser cette peur du sucre et y revenir dans les cuvées de chenin blanc. L’impact du terroir, le degré de maturité du raisin, les conditions climatiques du millésime sont certains aspects qui auront un impact certain sur la version du chenin blanc qui se retrouvera en bouteille. Dans tous les cas, ces grammes de sucre résiduel ne font qu’ajouter au plaisir de la dégustation, n’ayez crainte et plongez-y ! (45,25$)

Si je rêvais de visiter la Loire, je n’étais pas préparée à ce qui m’attendait: la rencontre de vignerons coopérateurs, dynamiques et passionnés, bien loin des discours de marketing souvent servis lors des voyages de presse. J’ai rarement été témoin d’une telle camaraderie et coopération dans une région où plusieurs jeunes vignerons de l’extérieur viennent s’installer et produire des vins. Et que dire des différents intervenants qui, tout au long de la journée de Montlouis on the rock, ont su susciter la réflexion et curiosité sur les enjeux et l’avenir du chenin blanc et de la viticulture, en général. Ce dynamisme montlousien et l’énergie des vins qui ont l’effet tonique nécessaire en ce début d’automne: autant de raisons de se (re)découvrir les vins de cette appellation ligérienne.

À écouter en sirotant un verre de Montlouis-sur-Loire:

Michel Delpech: Dans le Loir-et-cher https://www.youtube.com/watch?v=H-aWh_7pijs