À la découverte des vins de l’Oregon
En septembre dernier s’est tenu à Montréal, au cirque de la Tohu, une dégustation de vins des États de l’Oregon et de Washington. L’association de ces deux voisins est une bonne idée.
Par Jessica Harnois et Mariève Isabel
Car si les vins de l’état situé au sud de la vallée de l’Okanagan sont de plus en plus populaires (on peut penser aux vins de Charles Smith comme le Wines of Substance Cs, par exemple), ceux d’Oregon, État bordé au nord par Washington, au sud par la Californie et à l’Ouest par le Pacifique, sont de bien plus récents joueurs dans l’industrie du vin aux États-Unis. Or, ils gagnent à être connus !
Des microclimats propices aux expérimentations
L’Oregon est situé au 45e parallèle, une latitude propice à la viticulture. L’ensoleillement y est abondant et les nuits sont assez fraîches pour donner aux raisins une acidité qui permettra de faire des vins équilibrés. De plus, la proximité avec l’océan crée une multitude de microclimats favorables à divers cépages, mais surtout aux possibilités d’expérimenter.
Archery Summit à Dayton en Oregon
(source : Willamette Wines)
72 variétés de cépages poussent en Oregon. Le pinot noir domine la scène, avec une part du gâteau de près de 60% du marché. Le pinot gris et le chardonnay suivent avec respectivement 14% et 7%, avec sur leurs talons la syrah (4%), le cabernet sauvignon (4%) et le merlot (2%). Les 66 autres cépages se séparent 10% des terres cultivées en vignes.
Andante Vineyard à Dallas en Oregon (source : Willamette Wines)
Des productions à échelle humaine
Dans les vignobles d’Oregon, les productions ne sont pas grandes. 75% des vignobles produisent moins de 5000 caisses par année. Autrement dit, on a affaire à un travail d’artisans, mais aussi à des produits très qualitatifs. En effet, 7% des vins d’Oregon se sont mérités des notes de plus de 90 points du magazine Wine Spectator l’année dernière.
Tout cela contribue à expliquer les prix souvent plus élevés de ces produits. C’est aussi la raison pour laquelle on les retrouve souvent dans la section « Cellier » de la SAQ, puisqu’ils arrivent en nombre limité. En voici trois à découvrir, si vous avez envie de vous gâter.
Trois suggestions disponibles dans l’Espace Cellier
Drouhin, Roserock, Chardonnay, 2017, Oregon
Le domaine Drouhin est situé dans les collines Dundee. Cette famille originaire de France a aussi des vignobles en Beaune, en Bourgogne, depuis les années 1880. C’est donc dire qu’ils s’y connaissent en pinot noir et en chardonnay! Dans les années 1980, ils se portent acquéreurs de 235 acres de vignoble en Oregon, une région qui leur semble prometteuse. Ils ne se seront pas trompés. La parcelle Roserock, pour sa part, est acquise en 2013. Voilà un bel exemple de blanc d’Oregon avec beaucoup de caractère et de finesse. La fraîcheur domine dans ce chardonnay. Le bois y est très léger et parfaitement intégré à l’ensemble. C’est un pur délice. (42,25$)
Cloudline, Pinot noir, Willamette Valley, 2020, Oregon
Voici un vin abordable et tout à fait satisfaisant. Produit par Dreyfus-Ashby & Co. à partir de raisins de négoce en provenance de l’Oregon, ce vin est élaboré sous la supervision de Véronique Drouhin qui, en plus de s’occuper des vins Drouhin avec sa famille, est consultante en œnologie. Il est ensuite embouteillé par Cloudline Cellars. Pour s’initier aux vins de l’Oregon, c’est un bon candidat! Sa robe légère dégage des notes de fruits confits et d’épices. On sent le bois, mais sans excès. C’est un vin facile à boire et passe-partout, avec une certaine élégance et des tannins souples. Il accompagnera très bien des plats aux tomates et parmesan. (24,95$) Section Cellier
Twill Cellars, Syrah, 2018, Oregon
D’emblée, disons-le, voici une superbe syrah bien particulière, voire surprenante. Sa texture se situe entre le pinot noir et la syrah plus typique. Elle présente une robe rubis qui se traduit, en bouche, par une certaine légèreté, alors que la syrah est souvent violacée, intense et épicée. On peut dire qu’il s’agit d’un produit ben réussi, puisque le but de ces vignerons était de créer une syrah atypique. Pour ce faire, ils sont assemblés six fûts de différentes syrahs. La bouche est sur le fruit noir et mûr, avec des notes de moka et d’olives noires. Une belle découverte à savourer avec une viande goûteuse comme de l’agneau. (37,50$)
Sur ce, santé!
Sommelière, conférencière et entrepreneure, Jessica Harnois est aujourd’hui une personnalité publique reconnue dans le domaine des affaires et une sommité influente de la sommellerie au Québec mais également à l’international. Elle remporte en 2019 le Prix Femmes d’affaires du Québec (catégorie petite entreprise) décerné par le Réseau des femmes d’affaires du Québec. Au printemps 2021, elle lance le Club de vins Jessica Harnois dans lequel elle offre des cours en ligne.
Mariève Isabel est chroniqueuse pour les Productions Jessica Harnois inc. depuis juin 2019. Elle a collaboré à l’ouvrage #Boirelocal (Éditions la Presse 2019) avec Jessica en plus de signer avec elle près d’une centaine de chroniques et d’avoir participé à fonder le Club de vins Jessica Harnois. Elle est aussi chargée de cours et de programmes au Centre de communication écrite de l’Université McGill en plus d’avoir son propre blogue, Histoire de s’inspirer.