Quand le vin inspire l’écriture
Écrire sur le vin est une discipline en soi. En faire un manuel didactique ou un roman axé sur une intrigue autour de la dive bouteille est somme toute assez convenu. Alors, pourquoi ne pas bâtir de petites histoires à partir de vins dégustés ? C’est le défi que s’est lancé un prof de français d’origine belge établi en Colombie-Britannique et qui depuis quelques années, est aussi devenu vigneron dans la vallée du Fraser.
Avec son accent belge (étant expert de la chose, je l’ai reconnu tout de suite), Laurent Fadanni est un Liégeois verbomoteur qui est à la fois prof (dans une autre vie), poète et vigneron. Il a planté des vignes à Chiliwack dans la vallée britanno-colombienne du fleuve Fraser. Un peu comme ses 7 000 vignes, il a planté ses racines dans cette région avec sa conjointe. Qui prend épouse, prend pays dit-on !
Laurent Fadanni (Photo : Wines of Canada)
Depuis, il remplit bon an mal an quelque 7 000 bouteilles par année et planifie d’agrandir son vignoble installé sur un ranch, propriété familiale avec une capacité de production de 30 à 36 000 bouteilles d’ici quelques années. Avec les cépages acadie, seyval et autres il a focalisé ses efforts notamment sur les vins mousseux. Pas de dosage, le moins possible d’interventions dans le vignoble, il vise même de faire du vin « nature ». Patience, d’ici peu quelques-unes de ses bouteilles devraient se retrouver au Québec par le biais d’une agence d’importation privée.
Quand le vin a une personnalité
L’idée de base de ce recueil de nouvelles consistait à sélectionner une vingtaine de vins dégustés et créer pour chacun d’entre eux, un récit autour d’un personnage qui puise son existence dans les traits de caractères du vin choisi. Ainsi pour le vin Nuit d’ivresse de Catherine et Pierre Breton, on suit le parcours nocturne de Bébert, poivrot notoire. Avec le Vina Tondonia Rioja Reserva, on est témoins des tribulations de Sebastian qui n’aime pas la noble chasse et cela finira…mal pour son fidèle compagnon. Château Giscours, Cloudy Bay, le Volnay d’Anthonin Guyot, le muscadet du Château de la Gravelle, le Zinfandel de Caymus ou encore le Barberesco de Produtorri del Barbaresco, chacun prend vie grâce à de fascinants personnages. L’écriture de Fadanni a un beau rythme et une facture très personnelle, probablement à l’image de ses vins. Il réussit en 2-3 pages à vous emmener dans des univers très différents. Préfacé par le vigneron alsacien bien connu André Ostertag, ce livre évidement donne soif… Ne le dites à personne, mais un deuxième tome est déjà en chantier. Éditions L’Interligne. (20,95$)
https://www.leslibraires.ca/livres/visages-dionysiaques-laurent-fadanni-9782896996445.html