Quatre aubaines pour mettre le Portugal à l’honneur
On réduit trop souvent le Portugal à son célèbre porto, oubliant qu’on y produit aussi de très bons vins rouges et blancs, incluant l’incontournable vinho verde. Ces vins ont souvent un rapport qualité/prix imbattable.
Par Jessica Harnois et Mariève Isabel*
Sur ces terres bordées par l’Atlantique et sur ces archipels, les étés sont chauds et secs et les hivers, doux. Le pays n’est pas que côtier.Il est par endroit montagneux, avec des sommets et des volcans atteignant les 2000 mètres d’altitude et des vallées dans lesquelles s’écoulent des rivières. Le plus célèbre de ces cours d’eau est le fleuve Douro, ou Duero en espagnol, qui s’étire sur près de 900 kilomètres, de l’Espagne jusqu’à la ville de Porto. Le Sud du Portugal pour sa part est surtout composé de plaines et très ensoleillé.
La viticulture au Portugal date de l’Antiquité. Elle a été dominée par le commerce du porto tout au long de son histoire, notamment parce qu’on ajoutait de l’alcool dans les vins qui voyageaient vers le Nord de l’Europe afin de mieux les conserver.
Malheureusement, dans la période contemporaine, une bonne partie des vignes furent détruites par le mildiou et le phylloxera, comme ailleurs en Europe. Les vignerons ont dû repartir à zéro.Ils utilisent aujourd’hui une belle variété de cépages autochtones, tout comme leurs voisins en Espagne.
Des blancs rafraîchissants
Les blancs du Portugal gagnent en popularité. Outre le vinho verde, un vin léger et rafraîchissant à base d’albarinho, des assemblages de variétés autochtones et parfois même de vitis vinifera (les cépages européens dit « nobles » comme le sauvignon et pinot) produisent d’excellents résultats.
Adega de Pegões, Colheita Seleccionada, Peninsula de Setubal
Voici un exemple d’assemblage de cépages autochtones, l’arinto et l’antaovaz, combiné à un vitis vinifera, le chardonnay, qui compte pour 60% du mélange. La robe jaune aux reflets bien dorés rappellent le popcorn au beurre. Du côté des arômes, on reconnaît la marque des vins blancs portugais : des notes florales et épicées qui s’accompagnent de fruits exotiques comme la mangue. Cette explosion de saveurs se termine sur un léger sucre résiduel (5.2g/L) et une belle rondeur. Comme ce serait bon avec des langoustines grillées ! (13$)
Cabral blanc, Seleçao Douro 2018, Portugal
Composé des cépages arinto, rabigato, vinosinho et gouveio, cet assemblage donne un excellent résultat. Ce vin à la robe jaune est à la fois fruité, floral et épicé. Il est puissant au nez, mais surtout rafraîchissant en bouche, sec et vif. Il a assez de tonus (et aussi d’alcool, à 13,5%) pour accompagner les repas, où il s’accommodera très bien de viandes blanches. (17,25$)
Des rouges capables de vieillir
En général, les rouges portugais sont charpentés et intenses, ce qui en fait de bons candidats pour la cave. C’est vrai même lorsqu’ils sont sous la barre des 20$ ! En voici deux exemples que je vous mets au défi de garder dans votre cellier quelques années!
Fontanário Pegões, Palmela, 2019, Portugal
Nous sommes encore dans la péninsule du Setubal, au Sud. Robe rubis aux reflets violacés et nez charmeur, sur le fruit et la vanille : voilà pour les premières impressions. La bouche est fruitée et généreuse, les tanins sont souples et la finale s’étire sur des notes poivrées mais délicates et tout en douceur. Pour (13,20$), vous ne vous tromperez pas. Aussi, on dit qu’il peut se conserver jusqu’à 10 ans, une expérience à tenter !
Cabral rouge Seleçao, Douro, 2018, Portugal
À voir la couleur violacée de ce rouge, on comprend bien qu’il est encore en jeunesse et capable de vieillir plusieurs années. Son nez sur le fruit noir mûret sur les épices est caractéristique des cépages utilisés, avec en tête de liste la touriga franca, suivie de la touriga nacional. Ces variétés sont parmi les plus répandues au Portugal. Elles sont complétées ici par une touche de raisins moins couramment utilisés, soit le sousao et la tinta amarela. En bouche, le vin est plus sec et plus acide que le Fontanário Pegões Palmela. Il est aussi plus structuré. Les tanins sont soyeux et la finale, légèrement saline. À boire maintenant avec des viandes saignantes ou dans quelques années. (17,25$)
Bonnes dégustations !
# Sommelière, conférencière et entrepreneure, Jessica Harnois est aujourd’hui une personnalité publique reconnue dans le domaine des affaires et une sommité influente de la sommellerie au Québec mais également à l’international. Elle remporte en 2019 le Prix Femmes d’affaires du Québec (catégorie petite entreprise) décerné par le Réseau des femmes d’affaires du Québec. Au printemps 2021, elle lance le Club de vins Jessica Harnois dans lequel elle offre des cours en ligne.
# Mariève Isabel est chroniqueuse pour les Productions Jessica Harnois inc. depuis juin 2019. Elle a collaboré à l’ouvrage #Boirelocal (Éditions la Presse 2019) avec Jessica en plus de signer avec elle près d’une centaine de chroniques et d’avoir participé à fonder le Club de vins Jessica Harnois. Elle est aussi chargée de cours et de programmes au Centre de communication écrite de l’Université McGill en plus d’avoir son propre blogue, Histoire de s’inspirer.