La Belgique, bientôt le pays des vignobles « propres »
Appelés parfois hybrides, les cépages interspécifiques sont en train de s’imposer en Belgique comme la voie royale pour que ce petit pays soit doté d’un vignoble écoresponsable qui produit des vins singuliers et représentatifs d’un terroir unique. La propriétaire du Château de Bioul, en Wallonie, s’est investie de cette mission audacieuse.
Tout le monde connaît les merlot, riesling, cabernet sauvignon et autre pinot noir. Mais qu’en est-il des solaris, cabernet cortis et johanniter ? Ces cépages sont le résultat de croisements d’espèces par fécondation naturelle. On ne parle pas ici d’OGM mais bien de croisements entre variétés européennes, américaines voire asiatiques pour produire ces cépages dits interspécifiques.
L’un des grands avantages de créer ces cépages ? Ils sont résistants à ces redoutées maladies qui affectent les vignobles dits traditionnels (plantés avec du merlot, cabernet, riesling at autres) soit le mildiou, l’oïdium et le botrytis. Ce qui en fait des vignes plus « propres » puisqu’il n’y a techniquement plus besoin de les asperger d’herbicides, pesticides et autres fongicides chimiques dans le vignoble. De plus leur adaptation au climat nordique s’impose comme un choix logique.
Les interspécifiques, choix de l’avenir
C’est précisement le choix qu’a fait Vanessa Vaxelaire qui cultive la vigne, au Château de Bioul, un domaine dont l’origine remonte au XIe siècle en Wallonie, la partie francophone belge. « Je pense que la Belgique est le premier pays au monde qui pourrait se targuer d’avoir un vignoble propre, dit-elle. Ces cépages font vraiment le travail, et on est de plus en plus nombreux à partir dans cette direction dont je suis un peu le porte drapeau. »
Vanessa Vaxelaire, propriétaire du Château de Bioul
En Belgique francophone, elle n’est évidemment, et fort heureusement, pas toute seule à avoir suivi cette tangente. Mais ses arguments d’autorité sont des plus convaincants. « La première chose, c’est que écologiquement, il n’y a pas photo, il n’y a pas besoin de traitement. On peut toujours me dire que peut-être que les résistances vont disparaître, mais en attendant, ça fonctionne bien. »
Ainsi, les 11 hectares plantés au Château de Bioul dans des sols de nature argilo-calcaire, traversés par une plaque de schiste carbonifère ont l’appellation certifiée biologique. Sur le vignoble situé dans le village, on y constate un enherbement canalisé, des rendements faibles, des ruches au cœur des vigne avec des perchoirs pour les rapaces afin de développer la biodiversité. Vanessa Vaxelaire a même été plus loin puisqu’elle suit aussi les préceptes de la biodynamie telles que les cornes remplies de bouse de vache, mais à une exception près…
« Je ne suis pas labellisée en biodynamie parce que je ne veux pas de levures indigènes. e Je l’ai fait et je trouve que c’est beaucoup trop aléatoire puisque la levure, elle, elle vit, et donc je ne veux pas avoir à me demander qu’est ce qu’on fait si ça va mal ? »
Les vignes interspécifiques du Château de Bioul
Une question d’identité
Avec son franc parler, la vigneronne belge milite pour les cépages interspécifiques parce qu’elle croit fermement que son pays vinicole doit battre le chemin de l’originalité. « On a notre propre identité », clame la châtelaine.
« Je veux juste que la Belgique ne prenne pas le tournant que la Napa Valley après, c’est à dire ne faire que des copies de vins français. Et donc, malgré que je suis tout à fait d’accord que certains vignobles belges font de très jolies choses et donc je ne critique pas ceux qui choisissent ça. Mais je serais triste que tout le monde se lance dans cette brèche-là. »
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Vanessa Vaxelaire, du Château de Bioul
Parce que ces interspécifiques permettent une viticulture plus respectueuse de l’environnement et des fruits, elles donnent au vignoble wallon, une particularité sur laquelle les vignerons de la région Sambre et Meuse devraient capitaliser.
« Au début, je me suis posé les mêmes questions. On se dit est ce qu’on pourra faire de grands vins pour les grands concours ? Alors forcément, quand vous amener des cépages interspécifiques sur des marchés, il y a évidemment un temps d’adaptation pour les sommeliers.
Convaincre maintenant
Vanessa Vaxelaire est consciente qu’il y a des efforts à faire pour l’éducation des professionnels et du consommateur. « Mais dans 40 ans, qu’est ce qu’on sera content d’avoir une Belgique avec des cépages authentiques qui sont les nôtres. »
La bataille n’est pas encore gagnée parmi sa propre profession, surtout du côté flamand, plus friand des cépages traditionnels.
« La phrase la plus hallucinante que j’entends, ce sont des propriétaires qui viennent me voir et qui me disent oui, mais moi, tu comprends, je vais planter des cépages Vitis vinifera parce que je veux faire de grandes choses avec eux. »
« C‘est comme si le cépage ou le vin, dépendait du cépage. Ça n’a rien à voir, c’est le vigneron qui fait des grands vins et comme je leur dis, il y aura autant d’identités que de vignerons. »
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Vanessa Vaxelaire, du Château de Bioul
L’urgence de convaincre ses pairs maintenant est essentielle, martèle la vigneronne wallonne, parce qu’une fois que le vignoble est planté, il est trop tard. « On a l’impression que la Belgique, c’est un peu le nouvel eldorado du vin, mais franchement, quand on est dedans, c’est dur, reconnaît-elle. Je ne dis pas du tout que tout est enchanteur et que toutes les années sont très belles, mais si quelqu’un veut planter des interspécifiques, je trouve que c’est chouette pour le futur. »
Le Château de Bioul en Wallonie
Quand la famille Vaxelaire a planté les vignes il y a une douzaine d’années, il n’y avait que 200 hectares de vignobles en Belgique. Aujourd’hui, on avance le chiffre de 800 hectares. « Ça monte en flèche et je ne crois pas que ça va s’arrêter tout de suite, on n’aura pas des vignes partout partout, mais ça va se développer encore », explique Vanessa qui voit la place croissante des interspécifiques, particulièrement en Wallonie, là où les parcelles sont plus grandes qu’en Flandre.
Le vignoble belge (2022)
259 vignerons, amateurs et professionnels
3 millions de litres embouteillés
Précédent record de production datait de 2018, avec 2 millions de litres produits
La grande distribution s’y met
Le géant de la distribution belge, Colruyt, a d’ailleurs décidé de planter plus de 20 mille pieds de vigne dans la province du Hainaut. Les cépages plantés sont le muscaris, le souvignier gris et le johanniter. L’an prochain seront plantés du solaris, du cabernet noir, le carbernet jura et pinot kors. Colruyt espère remplir 70.000 bouteilles de vin blanc, rosé et rouge.
Quelques-uns des flacons produits par le domaine de Vanessa Vaxelaire
La première appellation du genre dans le monde ?
Jusqu’à ce jour, les vins du Château de Bioul font partie de la vaste appellation « Côtes de Sambre et Meuse » mais cela va changer sous peu, histoire de mieux refléter la typicité du vignoble régional qui a choisi la voie des cépages interspécifiques. « Les appellations sont nées au début parce qu’on avait besoin d’une appellation pour pouvoir s’appeler château, pour pouvoir rentrer dans un monde viticole. On a créé cette appellation Côtes de Sambre et Meuse parce que ça reprenait à l’époque tous les vins wallons et on avait mis tous les cépages de tout le monde dedans. Aujourd’hui, avec la diversité de ce qui est en train de s’installer, cette appellation n’a plus lieu d’être. »
Ainsi va naître l’appellation « Terres vivante de Meuse ». « Dans notre appellation, on va regrouper tous ceux qui ont planté dans la vallée de la Meuse, toutes les interspécifiques en bio. On a une identité qui est forte, qui est propre et on serait peut-être la première appellation du monde à être en interspécifiques. »
Un jalon historique, mais pas question de carcan pour les producteurs qui feraient partie de ce nouveau label. « On est occupé à créer les 40 prochaines années de l’avenir du vin en Belgique. C‘est très restrictif au niveau Meuse bio interspécifiques avec notre cahier des charges, mais au niveau de la technique, on va laisser beaucoup de liberté parce qu’on a envie que les vignerons puissent s’exprimer comme ils l’entendent. »
« On va essayer de ne pas trop légiférer sur des carcans qui nous ont bloqués parce qu’on est tous un peu des fous fous. Ce qu’il faut, c’est que le consommateur qui achètera « Terre vivante de Meuse », c’est qu’il est sûr que c’est du bio. » – Vanessa Vaxelaire
Quelques interspécifiques
Johanniter : variété ayant pour parents le riesling et le FR589-54 (pinot gris x chasselas)
Solaris : un croisement entre le merzling et un autre croisement portant le nom de GM6493 (muscat ottonel x seperavi severnyi).
Cabernet cortis (cabernet sauvignon x solaris)
Bronner (merzling x geisenheim 6494)
Le crémant brut du Château de Bioul est à base de bronner et de solaris
Brut de Bioul, Crémant Blanc de Blanc Brut
Vinifié avec les cépages bronner et johanniter, ce mousseux tonique et vif a des accents de riesling bien sec. Élevé sur lattes pendant au moins 9 mois, ce crémant à la fine bulle gourmande fait saliver à qui mieux-mieux avec une certaine salinité en fin de bouche. Il sera le parfait compagnon de tapas à l’apéro.
Mossiat Réserve
Ce blanc est élevé 9 mois en cuve œuf de béton et, nous dit-on, est bercé par des ondes musicales. L’un des vins les plus intéressants du domaine est digne d’une expérience gastronomique à base de poissons et bestioles de mer à carapace. On y note des notes végétales singulières qui lui vont très très bien avec ces arômes de fleurs de sureau, de rhubarbe et de mangue.
Cortil Braco
Signe que si la bulle et les blancs ont la part du lion dans la vignoble belge, le Château de Bioul ose s’aventurer dans la production de rouge avec cet assemblage de cabernet noir, pinotin, et cabernet jura. Très prometteur avec ses accents de minéralité, ce bon rouge de bistrot s’alliera parfaitement avec un plat de cochonnailles ou même pourquoi pas avec quelques saucisses et pilons de poulet sur le barbecue.
Bonjour à tous Je suis désolé de décevoir la Belgique, mais le Québec avec ce type de raisin est très en avance.
En fait, en tant qu’œnologue et viticulteur de Louis Luton au Domaine Saint-Basile Québec, je travaille sur le cépage hybride, c’est-à-dire le Frontenac gris et noir, depuis de nombreuses années déjà et j’ai remporté plusieurs médailles d’or lors de concours importants.
Donc si vous voulez en savoir plus je suis disponible pour vous répondre.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
L.G.
Erreur sur le nom Louis Lurton
Bonjour à tous Je suis désolé de décevoir la Belgique, mais le Québec avec ce type de raisin est très en avance.
En fait, en tant qu’œnologue et viticulteur de Louis Lurton au Domaine Saint-Basile Québec, je travaille sur le cépage hybride, c’est-à-dire le Frontenac gris et noir, depuis de nombreuses années déjà et j’ai remporté plusieurs médailles d’or lors de concours importants.
Donc si vous voulez en savoir plus je suis disponible pour vous répondre.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
L.G.