Ave, César !

Bière et vin tout sur le vin

Pas de favoritisme, cette semaine. J’ai pour vous dans ma besace (qui dit encore ça, « besace » ?), bon, ok d’abord, j’ai dans mon escarcelle, si vous préférez, autant de vins que de bières.

Par Marc Chapleau

La Racoleuse

Commençons par ces dernières. 

La Racoleuse IPA est produite par la brasserie La Voie Maltée, à Saguenay alias Chicoutimi. Une très bonne bière, à la fois blonde et amère (indice IBU de 55) mais surtout bien sèche, tendue, désaltérante même. Finale épicée, houblons marqués sans être trop
« pamplemoussés », touche maltée en rétro-olfaction. (Prix variable / ***1/2)

 

Viti Vini ViciLa Viti Vini Vici « Numéro Six » 2019 de la Brasserie Dunham m’a, quant à elle, laissé un brin perplexe. 

Il s’agit, précise l’étiquette, d’un « assemblage de saisons barriquées sur marc de pinot noir du Domaine des Pervenches », à Farnham. On peut également lire sur ladite étiquette, en fait une sorte de contre-étiquette intégrée, qu’on a affaire à une « bière forte » alors qu’elle ne titre que 5,5 % d’alcool. La loi fédérale stipule en effet qu’au-delà de 5,6 pour cent d’alcool par volume, on doit indiquer qu’il s’agit d’une « bière forte ». Du temps où toutes les bières ou presque étaient des Molson Ex et des Labatt 50, passait toujours, mais en 2020, avec l’explosion de la production et compte tenu de la nature souvent étonnamment riche et complexe de nos bières de microbrasseries, à moins de 7 % d’alcool il n’y a pas vraiment lieu de prendre le mors aux dents, l’alcool est très souvent bien intégré et à peine perceptible – et la consommation, générosité du liquide aidant, se modère au demeurant toute seule, pour ainsi dire naturellement.

Cette toile de fond brossée, la Veni Vidi Vici (je sais, ça c’est la tirade de l’empereur, je mélange tout le temps) j’ai vue, j’ai bue, mais sans m’avouer vaincu.

C’est une bonne bière acidulée d’un beau doré rosacé. Elle m’est apparue surtout intéressante au nez, assez complexe avec des notes légèrement brettées et une pointe rappelant la papaye. En bouche, l’équilibre est là, c’est acidulé sans écorcher les muqueuses, mais je ne suis personnellement pas arrivé à me défaire d’une impression de dilution, d’un manque de richesse. Probable cela dit, comme l’a souligné un ami qui l’a goûtée avec moi, qu’elle paraîtrait beaucoup mieux et s’avérerait tout à fait désaltérante l’été venu, par temps chaud. (Prix variable / ***)

William Fevre Chablis Montee de TonnerreDu côté des vins, un bourgogne blanc pour commencer, le Chablis Montée de Tonnerre 2016 Domaine William Fèvre. Mon premier cru préféré ! Celui de Fèvre toujours excellent, une qualité qui ne se dément pas avec ce 2016 puissant et tendu, très pierre à fusil, beaucoup de profondeur, finale saline et un chouia tannique. Pas donné, mais grand vin et pour cette raison remarquable rapport qualité-prix. Difficile à trouver par contre, encore une dizaine de bouteilles dans le bout de Québec, c’est tout, il s’agit de surveiller les futurs arrivages – en espérant qu’il y en ait. (71 $ / ****1/2

P.-S. De grâce, ne faites pas l’erreur de débutant que j’ai faite en le refroidissant trop, ce qui l’a temporairement anesthésié, le pauvre. 

Château Cambon La Pelouse 2016En rouge, le Château Cambon la Pelouse, un des meilleurs crus bourgeois du Bordelais, constant et fiable. Dans cette livrée 2016, un très bon rapport qualité-prix. On sent le merlot qui constitue environ la moitié de l’assemblage sous forme d’un léger surcroît de luxuriance et d’exubérance – un peu plus et ça pourrait même racoler. Le vin, acidité du millésime aidant, conserve tout de même une bonne fraîcheur. Mes attentes étaient probablement trop élevées, puisque, à bien y penser, je devrais en racheter une couple et les mettre de côté pour les trois à cinq prochaines années. (34 $ / ***1/2 fort