Du vin plus pur que de l’eau
Peut-on produire un vin plus pur que de l’eau ? Qui respecte le conplètement la Nature ? Jean Pierre Amoreau, propriétaire du légendaire Château Le Puy, le croit et se raconte dans un livre fascinant.
Par Frédéric Arnould (lefred@toutsurlevin.ca)
La quête de production vinicole plus respectueuse de l’environnement fait courir de plus en les foules et le Québec n’échappe pas cette tendance. Jean Pierre Amoreau rit dans sa barbe (qu’il n’a pas d’ailleurs) lorsqu’il voit que bien des domaines essayent d’embarquer dans ce train tendance du bio et de la viticulture écoresponsable. Il sourit parce que sa famille n’a jamais pris ce virage. Pas besoin, puisque cela fait 400 ans que son mythique Château Le Puy est 100% en agriculture biologique ! 400 ans ! Qui dit mieux ?
En 300 pages, Jean Amoreau pose un regard lucide et très pragmatique sur l’évolution du monde du vin qui s’est laissé aller à des dérives industrielle de nos modes de vie et de nos modes de consommation où « la brutalité a déséquilibré l’harmonie entre les êtres humains et les écosystèmes ».
« Le vin doit être produit de la manière la plus pure possible. Il ne doit générer ni de troubles digestifs ni d’infections virales. Et l’étalon de la pureté, c’est l’eau. Au sens comparatif, l’idéal d’un grand vin, c’est donc un vin plus pur que de l’eau. » Jean Pierre Amoreau – Plus pur que de l’eau
Ce livre est le récit de vie de sa famille mais lui permet aussi de poser ce regard aiguisé sur l’industrie vinicole qui s’est éloigné du droit chemin. Nostalgique peut-être, mais jamais dogmatique. En fait, lire ce livre devrait bien réveiller quelques consciences dans le milieu. Que ce soit sur les sommeliers, les cavistes, les producteurs ou encore sur les concours internationaux de dégustations, l’auteur s’exprime sans langue de bois et cela fait du bien.
« Les vignerons doivent pouvoir reprendre leur production en main, élaborer leurs vins tels qu’ils les imaginent, tels qu’ils ont envie de les offrir à leurs clients et tels que ces derniers veulent les boire : sains pour le corps, bon pour l’esprit. » Jean Pierre Amoreau – Plus pur que de l’eau
Château le Puy, un vin nature ?
Progressivement, Jean Amoreau raconte qu’il a éliminé l’ajout de soufre dans ses cuvées. « Dans la nature, tout est ordonné pour que le fruit se défende tout seul », écrit-il. Pas d’engrais chimiques, ni herbicide, ni insecticide de synthèse. Bref, pas d’ajout de levure ni de chaptalisation. Et depuis 1990, le vignoble a même basculé en biodynamie.
« Si le chemin pour y arriver est le passage par l’agriculture biologique et la biodynamie, pressons-nous de nous engager dans cette voie. Cela devient urgent. » Jean Pierre Amoreau – Plus pur que de l’eau
Une star au Japon
Je ne sais pas si vous avez déjà lu le manga (bande dessinée japonaise) « Les Gouttes de Dieu », mais le Château Le Puy s’est retrouvé dans cette série adaptée ensuite à la télévision. Le scénario ? Deux héritiers d’un collectionneur japonais doivent résoudre douze énigmes autour de 12 vins différents… Et le treizième n’est autre que le Château Le Puy, millésime 2003. L’engouement pour ce vin a propulsé le prix du vin entre 8 000 et 15 000 euros ! Il n’en fallait pas plus pour que Amoreau décide de retirer toutes les bouteilles de la vente au Japon. Cette histoire racontée dans le livre vaut à elle seule le détour.
À lire…
Profondément humaniste, authentique et prosélyte de l’œnotourisme pour acheter le vin chez le producteur, Amoreau est probablement aussi un apôtre naturel du slow wine et du slow food. Celui qui se définit d’ailleurs comme un créateur de bonheur estime que « boire bon et sain est un facteur d’hygiène de vie. » Alors, suivons-le… Un livre éclairant, presque poétique à dévorer tout en sirotant son excellent vin. Avis aux amateurs, Jean Pierre Amoreau sera présent au Salon du livre de Montréal pour dédicacer son livre le 22 novembre de 16 à 17h30 et le 23 novembre de 12 à 13h30.
Plus pur que de l’eau, Jean Pierre Amoreau, Fayard, 29,95$
Château Le Puy, Cuvée Émilien, 2016, Bordeaux, France
La cuvée Émilien fait partie des grands classiques toujours vendus à la SAQ. Même l’étiquette n’a jamais vraiment changé. À ce prix dérisoire pour la qualité, vous aurez droit à un vin épicé avec des notes florales délicates, des tanins très fins, un fruité généreux (rouge) tout en équilibre avec l’acidité. Sans oublier ses notes un peu sauvages qui vous titillent les papilles. Un beau vin qui vieillit toujours bien en cave. Faites-en provision millésime après millésime. Le plus incroyable dans tout ça, c’est que c’est au Québec que l’on trouve leur bordeaux au meilleur prix qu’ailleurs dans le monde entier. Car oui, le prix est au Québec même inférieur à ce que les Bordelais paient chez eux pour la cuvée Émilien du Château Le Puy. On ne s’en plaindra pas. BIO. (28,85$)