Envie de « goûter » le sud de la France ?
Fermez les yeux. Quelques cigales, des odeurs de garrigue et de fleurs d’oranger et puis au loin, cet accent chantant du sud provenant d’un bar du village… Pas de doute, vous êtes dans le sud de la France. Languedoc, Roussillon, Provence, Midi-Pyrénées, Gascogne, vous avez peut-être déjà visité ces régions enchanteresses. Sinon, le meilleur moyen de voyager pour le prix d’une chanson, c’est d’y aller…dans votre verre. Voici, quelques exemples de vins, dignes représentants du sud de la France.
Par Frédéric Arnould (lefred@toutsurlevin.ca)
Si le grenache et la syrah vous plaisent, cela tombe bien car ils sont présents à profusion dans le sud français. Çà et là, vous trouverez également un peu de mourvèdre, de carignan, de cabernet et de tannat. L’un des grands avantages de la région, c’est que la production s’y est beaucoup raffinée, abandonnant petit à petit l’étiquette d’un endroit où il se produisait beaucoup de vins en vrac destinés à l’embouteillage de produits plutôt pas chers, rustiques et somme toute, avouons-le, assez médiocres.
Parallèle 45, Côtes du Rhône, Paul Jaboulet
Commençons cette petite balade du sud en commençant par un vin qui annonce bien fièrement, « Ici commence le sud ». Cela fait plus de 180 ans que la maison Jaboulet existe et règne sur les diverses appellations prestigieuses de Cornas, l’Hermitage, Châteauneuf du Pape et Côte-Rôtie. Pour les portefeuilles moins bien garnis, Jaboulet a aussi sa gamme de vins du Rhône dits « génériques ». Je viens de regoûter le Parallèle 45 et il est toujours plaisant. Gouleyant assemblage de grenache et de syrah, il n’offre rien de très complexe, mais il a du fruit rouge à revendre, parsemé de quelques épices douces. Et, bonne nouvelle, il ne coûte que 13,95 à la SAQ (avec un rabais temporaire de 2 dollars).
Château La Lieue, Côteaux Varois en Provence
Allons plus au sud, en pleine Provence, pour y découvrir ou redécouvrir un bon petit vin, bien fait et amplement satisfaisant pour quelque 14 dollars. Produit à Brignoles, le Château La Lieue est issu d’un domaine qui a pris le virage biologique il y a près de 20 ans. Un savant dosage de grenache, de carignan, de mourvèdre et de cabernet sauvignon en fait un vin gorgé de fruits, une belle matière et une fraîcheur épicée en bouche. Découvert il y a quelques années, ce vin continue de me plaire, millésime après millésime.
Tautavel, Gérard Bertrand, Côtes du Roussillon
Jusqu’il y a peu, le Languedoc et le Roussillon étaient synonymes de vins de table disons plutôt « dispensables ». Force est de reconnaître que bien du chemin a été parcouru. Entendez par là, la séparation du bon grain de l’ivraie a bien déblayé le terrain vinicole. Aujourd’hui, il se vend, selon Intersud, 61 bouteilles de vin de la région par seconde à travers le monde. Le Languedoc-Roussillon est numéro un en termes de production et d’exportation de vins en France. Gérard Bertrand y produit plusieurs « étiquettes ». Ce Tautavel du Roussillon est, certes, fort en alcool (15%), mais plutôt bien équilibré. Grenache, syrah et carignan se partagent la scène ici et laissent la part belle aux fruits noirs (cassis, cassis, cassis !). C’est le parfait compagnon d’un bon barbecue de steaks et de légumes grillés, (pensez poivrons rouges), le tout avec des herbes de Provence. Pas compliqué, efficace et au bon prix (18,45$)
L’Orangerie de Penneautier, Carcassonne
Au royaume du cassoulet, il se produit quelques vins à l’indice de « buvabilité » très élevé. L’Orangerie de Penneautier en fait partie. Ne vous attendez pas à de la « dentelle » très complexe, mais ce petit vin sympathique se boit avec beaucoup de plaisir. C’est plein de fruits rouges et de cerises. Le merlot, le grenache, la syrah et le carignan dansent ici une sarabande en bouche, ma foi, très satisfaisante. Pour quelque 13 dollars, on peut acheter les yeux fermés. Le « grand frère », Terroir d’Altitude vaut aussi le détour pour 5 dollars de plus.
Tour Bouscassé, Madiran
Un peu plus à l’ouest, comme dirait Tryphon Tournesol, nous arrivons en Gascogne. Chez un des producteurs majeurs de la région. Alain Brumont est un original qui a des idées bien arrêtées sur la production de vin en général. Pas d’insecticides, la ressource aquatique ménagée, un respect de la grappe, Brumont est LE maître du Madiran, une appellation sur laquelle il règne quasiment en maître incontesté. Le cépage principal est le tannat. Qui dit tannat, dit tanin. Cliché peut-être mais ô combien véridique, d’autant plus qu’ici il est jumelé avec le cabernet sauvignon et le cabernet franc, les deux autres cépages plutôt tanniques. Ce Bouscassé a eu quelques années en bouteilles pour se calmer. Vous le voulez davantage assagi ? Passez-le en carafe une petite heure et vous profiterez allégrement de ce vin à point, fruité et bien charpenté.
Brumont, Gros-Manseng-Sauvignon, Gascogne
Restons chez Brumont qui outre les costaud madirans tels que le monumental Montus, produit également quelques blancs qui valent bien quelques « levers de coude ». Il marie ici deux cépages surprenant complémentaires. D’une part, le sauvignon blanc, aux arômes fruités d’agrumes vifs et d’autre part le gros manseng lui ajoute fraîcheur, des notes exotiques est une belle structure. Parfait en apéritif ou avec une salade de poulet ou un peu de saumon fumé.
Enfin, terminons ce périple par un classique du cahors. Vous savez, cette appellation qui n’a jamais éclaté au grand jour avec le lustre qu’elle devrait pourtant mériter. Aujourd’hui, peinant à se faire une place sur nos tablettes, le cahors disparaît parfois de l’étiquette pour faire place au nom du cépage qui le caractérise, le malbec. Voulant profiter du succès argentin de ce raisin bordelais, certaines maisons préfèrent arborer le nom du raisin plutôt que l’appellation. Le Clos La Coutale maintient Cahors sur l’étiquette et pour un vin de cette gamme de prix (15,30$), c’est plutôt pas mal. Fruits noirs, violettes, réglisse, une certaine rondeur boisée vanillée, tout y est. Il ne déçoit pas, année après année. À la bonne vôtre !