Guigal, le roi du Rhône
Guigal est assurément une des maisons les plus prestigieuses de la Vallée du Rhône, à tel point qu’on pourrait croire qu’elle existe depuis 5 ou 6 générations. Or, il n’en est rien puisque Guigal existe depuis…1946. Une certaine jeunesse donc, aux antipodes de certains domaines et qui a gardé toute sa fougue. Tour d’horizon d’un producteur qui fait partie des classiques du vin.
Avec son énergie et sa personnalité enjouée, Philippe Guigal, de la troisième génération, nous entraîne rapidement dans son univers vinicole qu’il affectionne sans limites. Il aime le vin et ça paraît… Il faut dire qu’il est plutôt difficile de ne pas succomber aux charmes des vins de Guigal. En tout cas, le Canada est séduit puisque nous sommes le troisième pays importateur de ses vins, juste après les États-Unis et le Japon.
Avec ses étiquettes au look dépouillé et un peu obsolète, ses bouteilles sont reconnaissables entre toutes : fond jaune avec un médaillon rouge, sans fioritures. Croyez-le ou non, mais ce concept minimaliste a été conçu après la Deuxième Guerre Mondiale par un ami d’Étienne Guigal, le fondateur. Depuis, environ tous les 15 ans, de très légères modifications s’y ajoutent, sans grande révolution.
Mais qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Ce qui compte c’est ce qu’on boit, et dans le cas de Guigal, la qualité et l’originalité sont au rendez-vous. Aussi bien dans ses cuvées d’entrées de gamme que dans ses plus grands crus, le souci du plaisir du consommateur est bien réel.
Prenons l’exemple de ses deux premiers vins, les Côtes du Rhône blancs et rouges, qui figurent parmi les meilleurs vendeurs de leurs catégories.
Côtes du Rhône Blanc, 2016
Le blanc est un assemblage de viognier (65%), roussanne (15%) et seulement 2% de grenache blanc. Ce qui va à contre-courant de l’appellation qui privilégie davantage le grenache. Selon Guigal, c’est un vin du Sud de la vallée du Rhône fait par des gens du Nord.Fleurs blanches, abricot, pêche, miel, c’est un blanc délicieux tout en largeur et sans aucune lourdeur. Et puis ce prix… (20,15$)
Côtes du Rhône Rouge, 2015
Le millésime 2015 de ce vin tiré à 4 millions de bouteilles est particulièrement réussi. L’assemblage de 50% syrah (typique du Nord de la Vallée et donc atypique dans l’appellation), de 40 % grenache et de 10% mourvèdre est généreux, gourmand et devrait bien se tenir en caves pour les 5 à 8 prochaines années. Pas mal du tout pour un vin de ce prix qui demeure une valeur sûre que tout un chacun devrait posséder chez lui. (20,40$)
Orfèvre du Châteauneuf du Pape
Même si Guigal existe depuis 1946, la première cuvée produite fut un Châteauneuf en… 1942. Cette appellation qui fait les beaux jours de la Vallée du Rhône est une des cuvées phares de la maison. À tel point qu’en plus de ses propres bouteilles, Guigal a récemment englouti une autre bonne maison, le Château de Nalys. Alors qu’il n’était pas du tout intéressé à acheter le domaine et que même le propriétaire n’était pas plus motivé à le vendre, la transaction a eu lieu, contre toute attente. Depuis, Guigal se retrouve ainsi sur le marché des Châteauneufs, plutôt deux fois qu’une, mais tout en ayant gardé la spécificité de chacun de domaines.
Châteauneuf du Pape Blanc, Guigal, 2017
Ainsi, le Châteauneuf de la maison est un vin très sec, gras, presque crémeux. “On ne boit pas du vin pour se faire du mal” répète Philippe Guigal. Avec sa majorité de grenache blanc, puis de roussanne, une partie est vinifiée en fûts de chêne. (68,75$) Miam ! Arrivée en décembre.
Château Nalys, Châteauneuf blanc, Saintes Pierres, 2017
Quant à la version Nalys de cette appellation, on a dans le verre, un vin superbe, minéral, sec, ciselé, (pêche, agrumes, miel), et précis. Et l’assemblage est complètement différent : clairette (36%) et bourboulenc (29%) en premier. (48,75$) Arrivée en décembre.
Châteauneuf-du-Pape Rouge, Guigal, 2015
Avec ses 70% de vieilles vignes de grenache et son mourvèdre giboyeux, ce vin a de la mâche. Pas moins de 36 mois en foudres de chêne lui donnent cette structure riche avec une belle finale persistante. (68,75$)
Châteauneuf du Pape Rouge, Saintes-Pierres de Nalys, 2016
Ce Châteauneuf est droit, jeune, frais et équilibré. Grenache, syrah, cinsault, muscardin, counoise, mourvèdre, le cocktail de cépages reflète l’appellation. Belle robe purpurine dit l’ami Jacques Orhon. Il a raison et c’est très bon.(67,50$)
Les grands crus de Guigal
Guigal a développé ses plus grands crus aussi bien en blanc qu’en rouge. Le très haut de gamme a pour nom Ex Voto et est décliné en Ermitage blanc et rouge. Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas à la portée de la majorité des portefeuilles. À 475$ la bouteille de rouge 2013 et à 287,25$ le blanc du même millésime et disponibles bientôt via le Courrier vinicole de la SAQ, aussi bien le blanc que le rouge ont une complexité et une finale en bouche incroyables. Massif et cousu main pour le long terme.
Les autres grandes cuvées que sont le Côte-Rôtie du Château D’Ampuis, de La Mouline et de La Turque valent évidemment l’investissement pour les plus passionnés. De 152$ à 493$ le flacon
Pour se faire plaisir…
Crozes-Hermitage, Guigal, 2015
Un des autres grands succès de la maison demeure cet excellent rapport qualité prix. Le Crozes-Hermitage est poivré à souhait avec ses notes de violette et de réglisse. La syrah s’exprime ici totalement avec son accent animal et rustique. Belle mâche en bouche. À ce prix, faites-en provision pour quelques années. (27,35$)
Condrieu, Guigal, 2015
S’il est une appellation généreuse et fascinante dans le blanc rhodanien, c’est bien le Condrieu. Avec son 100% de viognier, ce vin concentré, riche à la structure presque crémeuse laisse songeur. Un tiers a été vinifié en fûts de chêne neuf, ce qui lui confère ce petit goût de noisette. À boire dès maintenant. (78,50$)