Un coup de pied là où je pense

À boire aubergiste, Un coup de pied là où je pense

Fausse alerte… Après la virtuelle implosion de Chacun son vin, je pensais bien que ça y était. Après 34 ans de fiers et loyaux services, je me faisais tranquillement à l’idée, l’heure semblait bel et bien venue de tirer ma révérence.

Par Marc Chapleau

Erreur ! Après un été de tennis et de farniente, la réalité me rattrape. J’adore le vin, j’adore déguster, j’adore en parler, et je vous aime plutôt pas mal, ça, je ne peux le nier… Alors quand Frédéric Arnould, cheville ouvrière de Tout sur le vin, a élégamment proposé de nous héberger sur son site, ma prose et moi, ça a fini par être oui.

Pas que je voulais me faire prier. Juste qu’on m’avait suggéré, ici et là, de plutôt monter mon propre blogue et de gérer ma propre affaire. C’est mal me connaître. Control freak relativement assumé, je suis aussi très porté sur la procrastination et sur l’à quoi bon.

Bref, d’être aiguillonné et pour ainsi dire chaperonné par Frédéric, pourquoi pas, je prends ça comme un signe du destin. Concrètement, je devrais vous revenir chaque semaine avec des suggestions d’achat enrobées, quand l’occasion s’y prête, si l’actualité le suggère, de diverses considérations, parfois catholiques, parfois non.

Marc Chapleau

Marc Chapleau

Jeune insolent !

Mais une anecdote, avant toute chose. J’ai rêvé récemment que j’étais invité à un genre de Squelettes dans le placard, vous savez ce type d’émissions où on doit énoncer trois «faits», à charge pour les autres participants de départager le vrai du mensonger.

Mon tour venu, je largue trois histoires et surtout celle-ci : « Un vice-président de la Société des alcools du Québec m’a déjà fait venir dans son bureau pour finir par me dire : Toi mon gars, si t’étais mon fils, je te botterais le derrière. »

Silence sur le plateau. Malaise. L’un ne sait plus sur quelle fesse se mettre, l’autre tousse dans sa main. Je ne vous ferai pas languir : c’est vrai. Incroyable, hein ? Jeune trentenaire, je représentais à l’époque les chroniqueurs et journalistes du vin dans le cadre d’un litige que nous avions avec le monopole. Malgré l’affront, il n’y eut pas de meubles bousculés ni de grandes engueulades. J’étais baveux, je m’en confesse, je le suis peut-être encore un peu, mais j’étais aussi très droit, comment dire, très responsable, si bien que j’avais pris mon trou, disons ça comme ça, sans faire d’esclandre, déjà hyper heureux d’avoir fait sortir ce type de ses gonds…

(Comme quoi le donquichottesque confrère Marc André Gagnon, qui pourfend sans cesse la SAQ, n’a rien inventé, le poil à gratter, ça fait longtemps que ça existe.) Je m’arrête là, de toute manière des histoires un peu corsées, piquantes et même croustillantes, j’en ai une trâlée, si je voulais je n’aurais pas fini de vous abreuver. En attendant, voici quelques bouteilles que j’ai bues récemment et qui m’ont semblé dignes de mention.

À boire, aubergiste !

Vous remarquerez par contre à l’instant que je ne note pas les vins. Pas tout de suite, du moins. On vient juste de commencer à travailler ensemble que déjà on se poigne, Frédéric et moi 😉

En ce sens qu’il est contre la notation des vins, alors que moi je suis plutôt pour. (lire ici)  Mais je veux bien jouer le jeu, une semaine ou deux. De toute façon, mes cinq recommandations sont toutes d’un bon rapport qualité-prix*.

À boire aubergiste, Un coup de pied là où je pense

Domaine Ferrer Ribière, Les Centenaires 2016, Côtes-du-Roussillon, France        

Vieilles vignes de carignan, dont certaines auraient près de 130 ans. Cela donne un vin du Roussillon pour palais avertis, c’est relativement généreux mais aussi assez acidulé, avec même un peu de volatile, qui vient pimper le tout. Le carafer un bon deux heures au préalable ne nuira sûrement pas. (22,95$)

À boire aubergiste, Un coup de pied là où je penseSi mon père savait 2017 Côtes-du-Roussillon, France   

Bernard Magrez a beau être un personnage controversé, ses vins parviennent souvent à faire l’unanimité. Le magnat français a les moyens de ses ambitions, ça se sent, ça se goûte. À preuve ce côtes-du-roussillon à la fois souple et corsé, peut-être pas très persistant ni très concentré, mais bien goûteux et d’une indéniable fraîcheur. (20,30$)

À boire aubergiste, Un coup de pied là où je penseAlma Wines, Ambo Pinot Grigio 2018, Italie

Bon blanc du Frioul qui conjugue fraîcheur et générosité, sans trop de sucre résiduel par ailleurs (un peu de moins de 4 g), avec de l’acidité et du corps c’est dire, et une finale juste assez mordante. À moins de 15 $, une affaire. (14,95$) En rabais temporaire à la SAQ à 13,95$.

À boire aubergiste, Un coup de pied là où je penseWayne Gretzky Estates No. 99 Riesling 2018, Ontario, Canada

Hmm, en principe je n’ai pas nécessairement d’atomes crochus avec les vins de vedette, mais force m’est de reconnaître que le célèbre hockeyeur – son équipe, s’entend – nous propose là un riesling du Niagara tout à fait convenable, relativement sucré (autour de 20 g) mais par ailleurs bien soutenu par son acidité, si bien que l’ensemble conserve de la fraîcheur ainsi qu’un bon attrait – la lime et autres agrumes, une pointe de conifère. À ce prix, chapeau ! (14,95$)

À boire aubergiste, Un coup de pied là où je penseLaurent Combier, Crozes-Hermitage 2017, Vallée du Rhône, France

Excellent rouge du Rhône, cent pour cent syrah, avec d’attrayantes notes florales ainsi qu’un soupçon de bacon, de viande fumée. Corsé et concentré, bourré de fruit par ailleurs, vraiment rien à redire ! (30,50$)

 

*Cliquez sur les bouteilles pour les disponibilités près de chez vous.

2 comments

  • Sylvsin Bélanger

    Bonjour M. Chapleau,
    Je vous « cherchais » depuis le printemps dernier.
    Vos commentaires sont toujours savoureux.
    Longue vie à votre nouvelle association!

    PS: Une note sur 5, sans décimales, permet de bien résumer l’appréciation d’un vin.
    Cela m’est bien utile pour différencier le très bon du remarquable.

    Sylvain Bélanger
    St-Basile-le-Grand

  • Bravo pour cet hébergement car oui, l’union, que dis-je l’assemblage font la force! La démocratie du vin exige une pluralité de palais… et d’opinions. Longue route à vous deux!
    jean aubry