Des vertes et des bien mûres

Augusto Pinochet et Salvador Allende

Pour commencer, bref retour sur l’événement To Kalon Mondavi, dont je parlais la semaine dernière. Il s’agissait d’une dégustation comparative, tel qu’annoncé, mais on n’a pas eu droit à un alignement de gros canons du monde entier, comme escompté.

par Marc Chapleau

Parmi les quelques vedettes « étrangères », le Cabernet Sauvignon Bin 707 de l’australienne Penfolds ainsi que les châteaux Calon-Ségur et Margaux, de Bordeaux. Pas de Latour, de Lafite, de Sassicaia ou de Solaia, entre autres.

Tout de même déjà pas mal, j’en conviens.

Autrement, essentiellement d’autres cabernets du Golden State, par exemple le Shafer Hillside Select et le (caricatural) Paul Hobbs Beckstoffer, qui ne m’ont, perso, pas vraiment impressionnés. Château Margaux, bien qu’issu d’un millésime peu glorieux (2011), a survolé la dégustation, tendu, profond et surtout avec un boisé parfaitement intégré. Le 707, pour sa part, sentait la noix de coco tout plein (chêne américain ?) ; son côté « sweet fruit » était par ailleurs contrebalancé, vaille que vaille, par une acidité volatile apparemment marquée. Ça peut aller, mais à plus de 200 $ la bouteille, un pensez-y-bien.

Autre très bonne bouteille, de l’État de Washington, le Col Solare 2014, fruit d’un partenariat entre le Château Ste-Michelle et la famille toscane Antinori. Fraîcheur et générosité combinées dans celui-ci.

Quant au To Kalon de Robert Mondavi, la qualité est notable et le millésime 2015, tout à fait acceptable. Les plus vieilles cuvées dégustées ce jour-là – 2005, 1996, 1980 et 1975 – ont bien paru, même si l’on se serait attendu à plus.

Rififi au Chili

Le Chili serait, selon une information relayée dans la foulée des récents troubles sociaux, l’un des sinon le pays le moins égalitaire au monde.

Pas vraiment une surprise, je vous dirais.

Santiago du Chili

Santiago du Chili

Il y a longtemps que le soi-disant miracle néo-libéral qui a propulsé le Chili en avant (au bord du précipice ?) m’embarrasse. Depuis, en fait, que la viticulture chilienne a pris son formidable envol à la fin des années 1980 grâce à ce bon vieux général Augusto Pinochet.

« Quelle belle vision pour son pays ! Comme quoi le coup d’État de 1973 n’a pas eu que du mauvais, la preuve, regarde un peu comment les choses vont bien pour le vin chilien, aujourd’hui, l’économie turbine à fond », me disait à l’époque, milieu des années 1990, un confrère qui revenait de là-bas.

Quelques mois plus tard, à mon tour d’aller explorer le Chili viticole. Pour aboutir, un midi, dans un repas officiel dans une magnifique hacienda où l’hôte des lieux, sous l’oeil impassible du pape Jean-Paul II et de son portrait accroché bien en vue, riait sans vergogne du fait que nous, au Canada, avions été assez bêtes pour élire un communiste expatrié chilien comme député à Ottawa – ce prospère propriétaire terrien parlait d’Osvaldo Nunez.

Imbécile toi-même.

Rira bien, qui rira…

Changement de sujet, enfin, pas tant que ça, je me souviens qu’à l’époque, en 1995, les Chiliens en général passaient pour des péquenauds aux yeux des nobles et snobs argentins.

Alors que voilà encore seulement quelques années, paf, dans la figure le balancier, les Argentins, penauds, enviaient l’incroyable vitalité économique de leurs voisins côté Pacifique.

Que se passera-t-il maintenant ? Et si les taciturnes et effacés Uruguayens coiffaient les deux autres sur le poteau ?

À boire, aubergiste !

Cliquez sur le prix pour les disponibilités près de chez vous.

Robert Mondavi, Fumé Blanc, 2017, Napa Valley, Californie, États-Unis

Excellent blanc californien à base de sauvignon blanc, qui réussit à être ni sucré ni trop boisé ; il a par ailleurs du corps, de la fraîcheur et du fruit, bien entendu. Vaut tout à fait son prix. (26,05 $ – ****)

Catarina, Bacalhoa, 2015, Péninsule de Setubal, Portugal

Très bon rouge portugais de la péninsule de Setubal, juste au sud de Lisbonne, avec un côté Nouveau Monde se traduisant par un fruité exubérant et une empreinte boisée légèrement vanillée. Cela dit, la fraîcheur est indéniable, l’acidité est bien présente, si bien que c’est à la fois gourmand et tendu. Franchement, à ce prix, une affaire !

(14,55$ – ***)

Betchwan, Gin, Distillerie Puyjalon, Havre-St-Pierre, Québec, Canada

Bien d’accord avec mon collègue Frédéric, un excellent gin québécois, de Havre-Saint-Pierre plus précisément, sur la Côte-Nord, floral et anisé, aux saveurs affirmées mais en même temps étonnamment délicat, presque fin. Entrent notamment dans sa composition des aromates du cru tels que thé du labrador, poivre des dunes, airelle et chicoutai. (44,75$ – ****)