Du sangiovese sous toutes ses formes !

, Du sangiovese sous toutes ses formes !

Que voilà un cépage qui s’accommode à bien des plats. Son fruité de cerise, son acidité suffisamment vive pour résister aux assauts de la tomate (omniprésente dans la cuisine italienne) et sa diversité au fil des appellations et des millésimes en font un cépage polyvalent et capable de belle complexité au nez et en bouche. À découvrir, redécouvrir ou explorer davantage.

Par Frédéric Arnould (lefred@toutsurlevin.ca)

cecchiCette semaine, Andrea Cecchi était de passage à Montréal pour présenter entre autres, une dégustation verticale de son chianti classico de 1988 à 2010. Le Domaine Cecchi est une entreprise familiale depuis plus d’un siècle bien établi en Toscane, patrie du chianti. Ce qui m’a toujours frappé au sein de ces familles, et les Cecchi ne font pas exception, c’est leur dévouement total à la cause du vin et surtout l’engagement qu’ils mettent à améliorer toujours un produit. Ce n’est peut-être pas de leur vivant qu’ils atteindront certains objectifs, soit, ce sera pour la génération suivante, disent-ils. Une abnégation qui inspire le respect.  Sa visite est une bonne occasion de se plonger le nez dans quelques bons exemples représentatifs de sangiovese , non seulement de son domaine mais aussi d’autres maisons toscanes).

Du chianti ?

Oubliez la terrible bouteille enrobée d’osier qui servait ensuite, une fois vidée, de bougeoir. Le chianti a longtemps souffert de cette image, évidemment à tort. L’élément principal de cette appellation est bien sûr le sangiovese, « le sang de Jupiter » en italien. Des chiantis, il en existe de toutes sortes. Le banal côtoie parfois l’extraordinaire. Difficile de ne se fier qu’aux grandes maisons, car certains petits producteurs génèrent parfois des merveilles de chiantis. Andrea Cecchi a toutefois bien résumé ce qu’il faut avant tout dans un vin comme celui-là, c’est une personnalité, un style particulier propre à chaque producteur. Un chianti qui a de la gueule, c’est le classico, une appellation supérieure qui est garantie par le gouvernement (théoriquement) et qui doit répondre à des critères de qualité caractéristiques (couleur rouge rubis, tendant vers le grenat en vieillissant, vineux avec des arômes de violettes, une aptitude à vieillir avec des tanins tendant vers le velouté avec l’âge). On reconnaîtra ce produit par l’étiquette du coq noir qui coiffe le haut de la bouteille.

chiantiVilla Cerna 2010, Chianti classico Riserva Cecchi

Parmi la dégustation verticale du domaine Cecchi, ce chianti classico est de plus un riserva, mûri 14 mois en barriques et petits tonneaux assorti d’un vieillissement minimum de 10 mois en bouteille. Vous le comprendrez ici, un riserva est toujours plus complexe que le classico conventionnel. Cerises mûres, arômes floraux, quelques notes de tabac et de vanille, un fond épicé. Belle envergure en bouche, vibrante acidité et bien du fruit pour ce prix (25,35 $). Si jamais vous tombez par hasard sur le millésime 2001, il en vaut la peine. Juste pour goûter cette évolution en bouteille qui donnera des notes animales, de tabac et de cuir et de griottes confiturées.

nobileVino nobile de Montepulciano, un sangiovese coloré

Pour avoir passé du bon temps dans la magnifique petite ville toscane de Montepulciano, j’ai raffolé de l’appellation locale, le « vino nobile de montepulciano ». Lui aussi à base majoritairement de sangiovese (minimum 70% et souvent appelé prugnolo gentile), le vino nobile est aussi composé de canaiolo, un cépage qui donne bien de la couleur au vin. Quand on en choisit un de qualité « riserva », on peut s’attendre à pouvoir le faire vieillir en cave quelques années. Bien que personnellement, j’aime les boire quand je les achète (incorrigible impatient que je suis).

Vino Nobile de Montepulciano, Carpineto, 2009

Un beau sangiovese tout en harmonie avec des arômes de violette et de chêne fumé. En bouche, du fruit à revendre (cerises noires et prunes) et puis cette belle longueur qui donne envie de le déguster au milieu d’une oliveraie bordant les vignobles toscans. On peut rêver, mais pour 29,95$ on y est presque…

Brunello de Montalcino, Cadillac du sangiovese

Terminons cette petite « visite » du sangiovese avec l’appellation brunello de Montalcino. Une appellation pas très lointaine géographiquement de Montepulciano et qui offre aussi une autre version du sangiovese, appelée…roulements de tambour…brunello ! Mûri obligatoirement deux ans en futs de chêne, et 4 mois en bouteille, il s’agit là du vin toscan par excellence qui peut vivre aussi longtemps qu’un grand cru de Bordeaux . D’une consistance robuste, peu tannique et dans les meilleurs cas harmonieuse, le brunello de Montalcino est un vin que l’on déguste, penseur, pour célébrer une belle occasion entre amis.

Fattoria-Dei-Barbi-Brunello-Di-Montalcino-2003-LabelBrunello de Montalcino, Fattoria dei Barbi 2009

Que voilà un brunello que j’aime retrouver. Un vin dégusté au domaine à Montalcino et revisité plusieurs fois dont tout récemment, la maison Barbi offre un style particulier,  du caractère, une personnalité (comme la recette idéale d’Andrea Cecchi). Ce vin est fruité (cerises noires) avec des arômes de réglisse et des notes florales. Déjà agréable en bouche grâce à sa belle texture, il se bonifiera probablement encore quelques années. (47,75$) Sortez les tomates ! À la bonne vôtre ! Et tutti quanti…